Le portrait d’Ada Camara n’aura pas lieu !
« Personne n’est inaccessible à personne. La possession des sublimes n’est fermée qu’à ceux qui préfèrent les livres à la vie et la mort aux baignades ». Cette citation du réalisateur Français, Yann Moix, est, au détour d’une lecture, restée accrochée comme une feuille de chêne dans un coin de mon cerveau. J’en ai fait un sacerdoce dans la construction de mes relations amicales et professionnelles. J’y croyais ferme. Je viens de l’apprendre à mes dépens en voulant dresser le portrait d’Ada Camara, célèbre animatrice radio de Conakry.
Tout a commencé avec ce nouveau thème : « qu’entendez-vous à la radio », proposé aux Mondoblogueurs par l’Ivoirien Kahofi Suy. Nous avons le choix entre : décrire l’univers de la radio dans nos villes respectives, parler de nouveaux projets et de nouvelles initiatives concernant la radio, montrer le rôle de la radio dans l’information et l’éducation de la population ou encore faire le portrait des animateurs (trices) de ces radios.
J’ai choisi l’option du portrait. Le portrait d’UNE journaliste serait cool, pensais-je. Pour faire les choses « à la bien », j’ai opéré une espèce de casting pour retenir cinq noms parmi les célèbres animatrices radio à Conakry : Delphine 2 (Espace Fm), Mariame Baldé (Renaissance Fm), Ada Camara (Espace Fm), Hawa Touré (RKS) et Rougui Cissé (Sabari Fm). J’ai ensuite lancé un sondage sur mon Mur Facebook à l’intention de mes lecteurs pour choisir une parmi elles. A l’issue d’un vote quelque peu timide, le nom d’Ada Camara s’est retrouvé en tête.
N’ayant pas son contact téléphonique, j’ai alors entrepris de lui griffonner le message suivant que je lui ai balancé en MP via Facebook (nous sommes amis) et sur son mail ( je l’ai pêché sur ses infos Facebook) :
Bonjour Ada,
Je suis Alimou Sow, journaliste freelance et blogueur guinéen vivant à Conakry. Mon blog, Ma Guinée Plurielle, fait partie du réseau Mondoblog de RFI. Cette semaine nous avons comme thème: la radio. Dans mon cas spécifique, j’ai décidé de faire le portrait d’UNE journaliste guinéenne. Pour ce faire j’ai lancé une espèce de sondage sur mon profil FB en sélectionnant cinq noms dont le tien. Le vote est encore en cours mais à cette date tu arrives en tête.
Je souhaite donc faire ton portrait qui sera publié sur mon blog et sur la plateforme Mondoblog ainsi que sur le site de l’émission l’atelier des médias de RFI. Si tu es d’accord, fais-moi savoir ici ou en m’appelant au 68 48 15 00. Le plus tôt sera le mieux car les publications doivent se faire la semaine prochaine.
Pour te donner une idée de ce que je voudrais comme infos, je te prie de faire un tour sur le blog (https://lims.mondoblog.org). Tu pourras y découvrir des portraits que j’ai déjà rédigés, notamment celui de OSCAR le caricaturiste du lynx. C’est dans la catégorie portrait ou fais une petite recherche.
Je sais compter sur toi et sache que mes lecteurs (qui semblent être également tes fans) qui ont voté pour toi attendent impatiemment de lire ton portrait.
Bien à toi.
Alimou
Deux jours, trois, puis six,…pas de réponse. Je me suis dit qu’il faut passer à la vitesse supérieure pour obtenir son numéro de téléphone et l’appeler. Dans la quête, je me souviens avoir récemment croisé une ancienne connaissance, devenue technicien à Espace Fm. Lui-même je n’ai pas son numéro, mais je connais quelqu’un qui pourrait le connaitre. Je joins ce « quelqu’un » qui me le file. Je le compose : « Allô, c’est Alimou Sow, on s’est connu à Sabari Fm alors que j’étais correspondant à Labé. L’autre fois on s’est rencontré à Planète Fm ». Au bout du fil j’entends : « Ah ok, je vois. Comment ça va ? »
-« ça va. En fait, je voudrais avoir le numéro d’Ada Camara ». Petit silence, des grésillements, la ligne se coupe. Je recompose le numéro et répète la dernière phrase.
– « Non écoute, c’est interdit de donner les numéros ici », lâche le technicien.
– « Mais je suis un confrère, je veux juste des informations avec elle, pas autre chose », fais-je.
-OK, rappelle-moi dans deux minutes, je vais voir ». Je lui donne trois minutes supplémentaires et au bout de cinq minutes je rappelle. Je suis accueilli par ce message : « votre correspondant est injoignable ». Après une troisième tentative, je me rends à l’évidence : le téléphone de mon correspondant est off ! Vous pensez qu’il l’a éteint ? Non, les enfants de son quartier n’ont certainement pas crié « wéé té fa !! » la veille…
Après ce bide, je dégote le contact d’un ancien collègue qui bosse pour Espace Fm. Je l’appelle et lui dis que j’ai besoin du numéro d’Ada Camara. « Oh, je ne l’ai pas, elle change constamment de numéros. Celui qu’elle m’a donné la dernière fois ne passe pas ». Le ton de mon ami paraissait sincère. Avant de raccrocher, il me suggère de le demander à un autre ami du même cercle, comme sur Google +. Ce que je fais hic et nunc. Cet ami commun a la gentillesse de me dicter, enfin, le numéro de téléphone de la super star Ada Camara. Je pousse un ouf de soulagement…prématuré ! Avant de mettre fin à notre conversation, mon ami me dit : « je vais la prévenir que tu l’appelleras ». Je lui décroche un « merci beaucoup » plein de zèle.
15 minutes plus tard – le temps qu’il la prévienne – je pianote les huit chiffres du numéro d’Ada Camara suivi de OK ! Je suis gratifié par un premier « tou » long au bout de la ligne. Puis, deux, trois, quatre….jusqu’à ce que le répondeur veuille prendre le relais. Je coupe ! Elle est occupée, probablement. 10 à 15 minutes plus tard, je rebelote. La même histoire de « tou, tou » se répète. Pareil pour le lendemain ! C’est pile à cet instant que me revient cette phrase d’un ami à qui j’avais confié mon projet de portrait : « tu vas batailler ferme pour accéder aux journalistes d’Espace Fm, ce sont des vedettes». De peur d’être accusé de harcèlement, je décide d’abandonner mon projet de portrait avec la consolation habituelle du « loser » : « j’ai tout de même essayé ».
Inaccessible, Adama Camara ? Pour moi oui ! Pourtant, je ne préfère ni les livres à la vie, ni la mort aux baignades. Mais est-ce que Ada Camara, qui a pour devise « le mal d’une déception demeure pour les faibles » appartient aux « sublimes » ? Dites-moi ce que vous en pensez ci-dessous dans vos commentaires !
P-S : mon billet sur le thème à traiter vient derrière.
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