Espace Fm Foutah, un challenge réussi
Quand il parle d’elle, c’est toujours avec passion et amour. Pour elle, il a fait des renonciations, a plaqué d’autres. Il tenait à ce qu’elle soit à Labé, elle y est arrivée. Il l’a suivie. Il passe désormais le clair de son temps à s’occuper d’elle, à l’entretenir, à la choyer, et surtout à la « faire tourner ». Lui, c’est Oumar Barry et elle c’est, Espace FM Foutah. Un homme et une radio. Un duo, un binôme indissociable.
Un physique de marathonien et une voix de ténor : voilà Oumar Barry tout craché ! Le physique, il le tient sans doute de ses origines Peulh. La voix elle, il l’a longuement travaillée au gré de ses pérégrinations d’apprenti journaliste Reporter en Basse Guinée où il a grandi. Tour à tour journaliste sportif amateur, animateur radio à l’occasion, disc-jockey, Maitre de Cérémonie,… Oumar Barry – Oumby pour les intimes – ne manque aucune occasion pour s’essayer en public. La voix, qui trahit sa corpulence, plait. Verbe facile, verve fluide. L’effort a payé. A trente ans, il est devenu le Directeur Général de l’antenne Espace Fm Foutah. Une consécration pour ce jeune homme dont l’amour du micro est chevillé à l’âme depuis la tendre enfance.
Quand, il y a de cela sept mois, le Directeur Général de Espace FM Guinée (radio privée commerciale), Lamine Guirassy, lui a proposé de « s’occuper » de l’antenne Espace Fm Foutah, Oumar a tout plaqué pour rejoindre la ville de Labé. Pour réaliser son rêve et réussir le challenge. Le 27 septembre 2010, le rêve est devenu une réalité. Le signal de la radio a été lancé. Espace FM Foutah 99.7 était née. Hélas, dans la douleur ! Il se souvient : « cinq jours seulement après le lancement de la radio, tout le matos a été grillé par un court-circuit : l’émetteur, les stabilisateurs, le PC,…tout. Ce qui a paralysé son fonctionnement pendant près de deux semaines ». Retour à la case de départ donc. « La radio est revenue à zéro », se rappelle-t-il. Mais, cela n’a pas dissuadé l’équipe car « cette phase de test nous a permis de savoir que le signal était bon ». L’équipement sera renouvelé.
Implantée dans la Commune Urbaine de Labé, au quartier Konkola, dans un petit bâtiment jaune, Espace FM Foutah côtoie désormais les fréquences de la Radio Rurale ainsi que celles de RFI et BBC Afrique en Modulation de Fréquence. Le signal de la radio est capté jusqu’à 120 km à la ronde, grâce à un émetteur de 500 KW et le relief accidenté de Labé. Ce qui permet à des préfectures comme Mali, Koubia, Tougué ou encore Gaoual d’être couvertes.
Comme la radio mère basée à Conakry, Espace FM Foutah est tournée vers la jeunesse qui constitue l’essentiel de son audimat. La grille de programme se résume en quelques émissions en langue Pular produites localement et une synchro avec Conakry, pour le reste. Une bénédiction pour les jeunes de la région, repus du folklore de la Radio Rurale et des émissions jugées trop « adultes » des autres stations étrangères. Dans la cour de récré, les lycéennes – surtout – ont toujours les écouteurs de leur téléphone vissés à l’oreille pour kiffer la « playlist » concoctée par Oumby. C’est le cas de Diallo Mariam, 18 ans, élève au Lycée Général Lansana Conté de Labé qui dit « apprécier le caractère ludique des émissions » et « se reconnaitre » dans la radio. Pour les organisateurs de spectacles, c’est un moyen idéal pour mobiliser par voie de communiqué.
C’est grâce aux communiqués et un modeste créneau publicitaire ouvert au public que la radio tire ses « maigres » ressources. « Dieu merci, nous arrivons à couvrir aujourd’hui 80% de nos dépenses grâce aux communiqués, aux spots et tables-rondes que nous réalisons avec les acteurs sociaux», s’enorgueillit Oumar. Des dépenses presque entièrement dédiées à l’achat du carburant pour le groupe électrogène qui alimente la radio. L’énergie reste le principal enjeu, un vrai casse-tête.
Le personnel de la radio ? Il se réduit à un duo : Oumar et Idrissa Sampiring Diallo, un autre pionner de la presse privée au Foutah. Quelques stagiaires leur donnent un coup de main de temps en temps. De quoi avez-vous besoin en ce moment pour mieux faire fonctionner cette radio ? La réponse de Oumar est sans ambigüité : « l’énergie, l’énergie et l’énergie ». Puis, il songe à l’autonomie de sa Rédaction pour « mieux intégrer les questions locales ». Un autre challenge !
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