Mon premier voyage en avion !
« Tu vas voir, Dakar c’est beau et grand » ! « L’aéroport international Lépold Sédar Senghor est impressionnant. C’est tout le contraire de Gbessia » ! « Oh, tu pars pour Dakar ? non mais c’est magnifique la capitale sénégalaise» ! Et encore et encore… Aujourd’hui j’ai un mal de chien à me remémorer du nombre de fois qu’on m’a bassiné les oreilles avec de telles phrases. Du coup, avant mon départ de Conakry, l’image idyllique de Dakar que je me suis construite dans la tête était à faire pâlir Manhattan de jalousie. Une vision que Sénégal Airlines a réussi à émousser au bout de 1H 25 minutes de vol.
Déjà, à deux jours de mon départ, l’excitation était maxi. D’abord pour la grande retrouvaille et la formation avec RFI Mondoblog, mais aussi et surtout pour le voyage lui-même. Je me disais « voilà, enfin, ta première occasion de monter dans un avion ». Oui, pour certains, ça peut paraitre banal, voire puéril de parler de mon premier voyage en avion. Mais, après tout ce temps que je me suis tapé les Magbanas et taxis jaunes de Conakry, les Peugeot 505 interurbaines, embarquer dans un avion, que j’ai toujours vu à distance, mérite réellement ce billet. Et comment !
Le jour J, le dimanche 03 avril donc, fallait se pointer à l’aéroport International Conakry-Gbessia à l’heure. Sur le billet c’était marqué 15 H 25 pour le départ. Pour des mesures de sécurité, et tel que suggéré par l’équipe d’encadrement de RFI Mondoblog, il fallait venir 2 heures en avance pour ceux qui ont l’habitude des avions, et 3 heures pour nous autres. J’ai rajouté 2 heures supplémentaire aux trois conseillées ! Histoire d’éviter « Maman, j’ai raté l’avion ». En fait, ce dimanche coïncidait au retour en Guinée de l’opposant Cellou Dalein Diallo. Alors pour éviter toute tracasserie, il fallait vraiment venir tôt ; quitte à passer toute la journée à l’aéroport, mais à l’intérieur. Ah, j’oubliais de préciser que je voyageais avec mon compatriote Mondoblogueur Fodé Kouayaté, également bleu en matière d’avion. Une paire parfaite, pire que Sidiki et Souké !
A 10 heures pétantes nous voici à Conakry-Gbessia. Fodé en chemise, pantalon jean et souliers. Pareil que moi, sauf pour mon pantalon qui était en tissu et la veste pendante au bras gauche. Deux heures trente minutes d’attente et les formalités d’embarquement commencent. Ça se déroule sans encombre et très vite. Après, il faut prendre un escalier, passer les bagages aux rayons X avant de rejoindre le hall d’attente. Pour monter dans le hall, on a le choix entre un escalier ordinaire et un autre roulant. Je choisis ce dernier. Ah oui, avec tous les commentaires sur l’aéroport de Dakar, l’escalier roulant est un test opportun. Pour le passage aux rayons X : RAS, tout se passe nickel. On prend place, les bras en ailes de vautour, sur les nouveaux sièges du hall relooké de l’aéroport. A un moment, j’ai eu un sourire de fierté lorsque j’ai vu d’autres voyageurs novices se prendre en pleine gueule la vitre des portiques d’entrée du hall !
Entre temps arrive le Ministre de la Sécurité, Mamadouba Toto Camara. Inspection et distribution des ordres aux agents présents sur les lieux. Je pense que c’est lié au retour de Cellou. Et puis, je le surprends faire une confidence à un accompagnateur : « nous allons bientôt renouveler tous les passeports guinéens ». Ne le répétez à personne, c’est confidentiel… Aux environs de 14 H 30, le vol DN 022 de la compagnie Sénégal Airlines en provenance de Dakar se pose sur le tarmac. Passagers et fret débarquent. Quarante minutes plus tard, la speakerine, à découvert, qui se répétait anxieusement son texte devant moi, annonce d’une voix chevrotante «…embarquement immédiat… ». Une stagiaire, sans doute. J’ai le siège 14 B, juste à côté de Fodé. Avant le décollage, chacun passe le dernier appel ou SMS pour annoncer qu’on a pris place. P’tite démo pour la sécurité par le personnel navigant, puis l’avion vrombit et tourne pour prendre son élan. Quand il a lâché le sol, j’ai eu une drôle sensation : crampes d’estomac accompagnées de brefs spasmes ! Pareil pour mon ami.
Une heure vingt cinq minutes de vol, un repas sommaire, nous atterrissons à l’Aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar Yof ! Je suis tout de suite étonné par mon manque d’étonnement. L’image féérique que j’avais de l’Aéroport et de « Dakar la magnifique » s’évapore instantanément ! C’est vrai que Yof est plus grand que Gbessia, mais où sont les escaliers roulants et complexes qui alternent ? Où sont les gratte-ciels et les rues clean de la ville ? J’espère qu’à côté de la « Terranga » sénégalaise (hospitalité) que je commence déjà à sentir à l’Espace Thialy où nous résidons, je découvrirai, durant mon séjour, le côté « magnifique » de Dakar. En tout cas, ce nouveau voyage a été « BONNE», comme on dit chez moi.
Alimou Sow
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