Paris, RFI : pari réussi !
Bintou, d’origine burkinabée, est sans-papiers. Venue à Paris à la recherche d’une vie meilleure, elle est tombée sur un os. Pas de toit, pas de boulot, elle erre dans les rues de la ville au bord de la dépression. Pareil pour Shabat le Sénégalais, réduit à bidouiller de petits bracelets pour des touristes cassants… Les personnages de « Paris mon paradis » de la jeune cinéaste Burknabée, Eléonore Yaméogo, ont tous déchanté en émigrant à Mbengué (France) qu’ils prenaient pour un Paradis… Au lendemain de mon arrivée à Paris, je ne pouvais tomber sur mieux comme film! Le message est capté.
Trois jours donc depuis que je suis à Paris. Et déjà vacciné par « Paris mon Paradis ». Pardi ! Olivier ma tuer* ! Je sais déjà prendre le RER (ligne C) pour descendre à Vitry Sur Seine (94) ou Avenue du Président Kennedy (16ème) ; le métro à force des : « s’il vous plaît, c’est cette ligne qui va à X ? ». Contrairement à ce qu’on me disait, mes sollicitations sont jusqu’ici toujours satisfaites. Avec plaisir. Mais suis pas dupe, Paris est une ville touristique. Les Franciliens se montrent « hospitaliers ».
Des « Ouf » de soulagement, j’arrête pas d’en pousser! Comme pour un accouchement, j’ai travaillé, poussé, poussé, et finalement je l’ai eu mon visa. Dégoter le fameux sésame Schengen en Guinée est un véritable truc de Ouf. Trois mois de galère dans mon cas pour me voir débouté une première fois. Et j’ai remis ça pendant un mois. Cette fois a été la bonne. Ça a marché, grâce à RFI. C’est pour mon stage. Merci Ziad, Bernard et Alicia.
Des coups de pouce, j’en ai reçus. De partout. A la pelle. Y en qui sont vraiment sympas pour pistonner. Je me garde de citer des noms, pour l’instant. Ça viendra.
J’ai été donc «visé » le 7 octobre. Contrairement à beaucoup, je n’ai ni sautillé, ni crié, ni pleuré en recevant mon VISA ! Alhamdullilahi (Dieu Soit Loué), avais-je prononcé, comme toute réaction. Et j’ai filé dare-dare acheter mon billet d’avion à l’agence de Brussels Airlines, à Kaloum dans l’espoir de partir pour Paris le lendemain. Chaque seconde m’était précieuse. Mais c’était une grosse erreur de prendre Brussels Airlines. Vous comprendrez pourquoi.
Le lendemain, 8 octobre, c’était le jour du départ. A 17 heures. Comme pour mon premier voyage en avion sur Dakar, je suis arrivé en avance. L’avion se pointe à 17 heures, on embarque quelque temps plus tard. Surprise, pas de carburant pour ravitailler le vol ! Une des spécialités de Conakry : les surprises insolites. L’équipage se démerde pendant une bonne heure et finit par en trouver en déplaçant le Boeing sur plusieurs mètres.
On décolle finalement à 21 heures, direction Banjul (Gambie) pour une brève escale. A l’atterrissage à l’aéroport de Yundum (Banjul), l’un des réacteurs de l’avion bouffe un malheureux oiseau cru ! On a frôlé la cata ! Mais personne ne l’a ressenti. C’est à l’arrêt que le commandant de bord et compagnie l’ont annoncé. Reflux des images du crash du vol Rio-Paris dans ma tête. Je reste zen à grands renforts de « Ayattalkoursiou » (versets coraniques), en rafales. On consacre deux heures pour chercher les restes de l’oiseau et pour tout nettoyer. Je continuais à prier pour que le réacteur soit complètement clean et qu’une patte, une aile, où même le bec ne reste pas caché dans l’appareil.
Deux heures de retard, on finit par décoller pour Brussels Airport (Belgique) où l’on arrive après six heures de vol. Comme pour l’autre voyage sur Dakar, je jouais les téléspectateurs à l’hublot en découvrant les villes électrifiées d’Afrique. La réalité défilait sous mes yeux : l’Afrique blanche (Magrheb) est éclairée, l’Afrique noire reste dans le noir!
7 H à Brussels Airport. On dirait que tout le monde est atteint de la diarrhée. Ça coure dans tous les sens, personne ne s’arrête sinon pour lever les yeux sur un écran. Je me mets dans la danse. Alors là un conseil : ne jamais venir à Brussels Airport avec un bagage à main lourd, sans roulette. L’aéroport est un véritable circuit de Formule 1 compliqué par de longs couloirs, des Escalators à n’en plus finir. Même les habitués s’y perdent. Au poste de contrôle, un plastic mal collé sur mon passeport me vaut 30 minutes de retard pour contrôle approfondi ! Interview, appels téléphoniques tous azimuts, lecture, relecture de mes dossiers. Le mec va jusqu’à dégoter un de mes articles sur Internet pour vérifier que je suis bien journaliste! C’est bon, je peux passer. J’attrape le vol de correspondance pour Paris, in extremis.
A l’aéroport de Paris Charles De Gaule (CDG), il n’y avait personne pour m’accueillir. Mais dans le vol Bruxelles-Paris, j’ai sympathisé avec un Guinéen habitué des lieux, quoique illettré. Il me guide pour les trajets, je le guide pour les panneaux lumineux. Belle solidarité. On finit par se séparer à l’aéroport. Lui s’embarque pour la Province, moi je prends le RER (Réseau Express Régional) pour arriver à Massy-Palaiseau (Essone) où je passe ma première nuit parisienne.
Là je viens de commencer mon stage à RFI d’où je poste ce billet. Pari réussi! Peace and love!!!
* Faute d’orthographe admise, faisant référence à un crime avec la célèbre formule: « Omar m’a tuer »
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