Mamadou Alimou SOW

A Télimélé, le virus Ebola s’est cassé la gueule : voici pourquoi

sogoroyah
Falaises de Sogoroyah

Disons-le d’emblée : à Télimélé, chez moi, Ebola a trouvé garçons ! Le redoutable virus s’y est heurté contre une résistance inattendue, héroïque et même historique. Les professionnels de santé en sont encore tout baba !

Les autorités sanitaires ne l’ont pas encore officiellement annoncé, mais l’épidémie d’Ebola a été très vraisemblablement vaincue à Télimélé. Avec brio. Depuis plus de 21 jours (période d’incubation de la maladie), les rapports de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) répètent la même phrase concernant la préfecture : « Aucun nouveau cas, zéro malade, zéro décès, il n’y plus de contact à suivre ». Du coup, le centre de traitement d’Ebola de Sogoroyah situé à 15 km du centre-ville a été fermé. Bien que la vigilance reste de mise, l’agitation du mois de juin nourrie par les rumeurs les plus folles s’est estompée. La tempête est passée.

Fin mai, l’épidémie d’Ebola qui sévissait jusqu’ici à Conakry et surtout en région forestière, a été déclarée à Télimélé créant ainsi un nouveau foyer de la maladie et semant la psychose. Je suis l’une des premières victimes collatérales. Mon mariage civil prévu pour se tenir le 15 juin à Télimélé-ville est reporté, plusieurs invités saisis de panique, ayant décliné poliment mais fermement l’invitation.

Si l’organisation de la riposte contre la maladie au plan local a été unanimement saluée, c’est surtout le taux de guérison des personnes infectées par le virus  qui intrigue. Celui-ci est sans précédent à en croire les spécialistes.

Sur 23 malades admis au centre de traitement, 16 en sont sortis complètement guéris ; soit un taux de létalité de seulement 30 %, contre 65 % en moyenne à l’échelle nationale ! Sur la totalité des cas confirmés de la préfecture (26), la fièvre n’a tué que 10 personnes, les trois autres décès étant intervenus avant l’installation du Centre de traitement de Médecins sans frontières, donc pas pris en charge. Une centaine de contacts avaient été identifiés et suivis, seule une infime partie a développé la maladie.

C’est du jamais vu !  À titre de comparaison, la préfecture de Guéckédou, épicentre de la maladie en Guinée, a enregistré au 12 juillet 2014 : 168 cas dont 135 décès, soit un taux de létalité de 80 %. Dans les autres localités affectées par l’épidémie, le taux de létalité dépasse les 50 % (sauf à Conakry où il était de 44 % à la même date).

La question est simple. Pourquoi un taux de guérison si élevé à Télimélé ?

La réponse ne tient pas en une ligne. Dans un article publié le 10 juillet sur le site de la Fondation Reuters, des chercheurs interrogés avancent plusieurs hypothèses :

  • Culturellement, certains spécialistes pensent que la gestion des dépouilles mortelles est différente entre Télimélé, en Basse Guinée, et  la  Guinée forestière. Le contact avec les défunts est rare en Basse Guinée, pays musulman. Ce qui, selon cette théorie, limiterait la quantité de virus inoculé dans le corps des contacts ;
  • Il se peut aussi que la prise en charge des patients soit plus efficace au centre de traitement de Télimélé qu’ailleurs. Il est démontré qu’une prise en charge assez tôt augmente jusqu’à 10 % les chances de guérison des patients atteints d’Ebola ;
  • D’autres chercheurs imaginent aussi qu’une mutation virale ait pu avoir lieu, c’est-à-dire une version Ebola moins tueuse serait allée chez nous ;
  • Génétiquement, les personnes infectées à Télimélé pourraient être résistantes au virus mortel. Comme pour certaines maladies incurables y compris le SIDA, il existe  effet des personnes naturellement prédisposées à lutter contre les germes ;
  • Enfin, les résultats étonnants enregistrés à Télimélé seraient dus à des erreurs d’analyses de laboratoire. Cette hypothèse voudrait que les résultats des analyses effectuées dans les unités de laboratoires internationaux délocalisés en Guinée, soient parfois erronés. Cela peut arriver, confirme un spécialiste, mais rarement nuance-t-il.

De toutes ces hypothèses, la piste génétique retient mon attention. Pour deux raisons, sans doute discutables. Mais bon…

  1. A Télimélé, le foyer de la fièvre –importée de Conakry – a été le village de Sogoroyah dans la commune rurale de Sâarè Kaly, à 15 km du centre-ville. Sogoroyah est, en termes de superficie, l’un des plus grands villages de la Guinée, bâti sur une plaine au pied d’une falaise de calcaire et s’étendant sur plusieurs km. L’agriculture maraîchère y est très développée ainsi que celle de tubercules. Le niveau de vie de la population est relativement élevé.

Sogoroyah est un village « Roundè » peuplé majoritairement de descendants d’esclaves. Physique de catcheurs aux muscles pétillants de féculent, les natifs de la  contrée sont réputés « robustes » et « endurants ». Aux antipodes de nos corps frêles de bergers Peuls arpentant les flancs de coteaux.

J’ai grandi plus haut sur la montagne, à une vingtaine de km de Sogoroyah. Les jeudis, jour de marché, nous descendions la montagne, mes amis d’enfance  et moi, pour venir nous approvisionner en pain, bonbons sucrés (moura-bounga) et autres babioles pour bambins que nous revendions dans nos villages à prix d’or. Notre hantise était de croiser les jeunes incirconcis de Sogoroyah. Tels les éléments de Boko Haram au Nigeria, ces gamins nous flanquaient la trouille au point qu’on ne se hasardait jamais à se déplacer en solitaire. Nous étions toujours dans les jupes de nos mamans, prêts à grimper sur leur dos au moindre signal annonçant l’approche d’un Sôlidjö de Sogoroyah.

Vous me direz que je grossis un peu le trait, mais je me laisse imaginer que le virus Ebola a eu la même trouille que nous pour oser s’attaquer aux habitants de ce coin. Leur génome est fait d’acier.

  1. La deuxième raison est purement culturelle et consolide la première. Il est apparu en effet qu’en matière de polygamie, les pères de famille de Sogoroyah ne font pas dans la dentelle. On y aurait découvert un patriarche qui a au moins 12 épouses ! Supposons que ce viril monsieur soit génétiquement résistant au virus Ebola et que chacune de ses femmes lui donne cinq gosses. A lui seul, il a aura créé un petit village de 60 personnes Ebola-résistantes ! La suite c’est comme les amitiés sur Facebook, les liens (de mariage) se créent et se développent.

Si cette hypothèse venait à être confirmée, Ebola aura trouvé son tombeau en Guinée et la polygamie connaitrait ses lettres de noblesse. Et bien sûr, Sogoroyah sera notre nouveau Facebook où on ira créer de liens (de sang) pour blinder notre immunité.

Pour les incrédules qui persistent à croire que tout ceci n’est que batifolage, rappelez-vous de l’étymologie du nom de notre préfecture. Télimélé vient de deux mots : Téli désinge une essence végétale particulièrement résistante. La légende raconte que le Téli vit trois siècles : un siècle avec le feuillage, un siècle effeuillé, et un siècle couché au sol avant de se décomposer. Méli ou Mélé signifie toxique.

Il n’y a donc aucune raison que les habitants de Télimélé ne soient pas immunisés contre cette maléfique bestiole nommée Ebola. CQFD


Mes folles années d’étudiant : quand « Jet Lee » s’invite à la fac !

Crédi phto: funcheap.com
Crédi phto: funcheap.com

La Guinée, terre de superstitions, a elle aussi ses « monstres du Loch Ness ». Tout phénomène extraordinaire, inattendu et surprenant trouve une explication proportionnellement irrationnelle.

Ainsi, la conjonction de fléaux qui ravagent actuellement le pays (méningite, rougeole, charbon, choléra, sida, malaria et Ebola) n’a pas d’autre explication, aux yeux des superstitieux, qu’une punition divine infligée au peuple guinéen à cause de ses turpitudes. Ce sont les sept plaies … de la Guinée ! Patati et patata.

L’analphabétisme aidant, les gens sont plus enclins à croire aux phénomènes paranormaux qu’à la plus élémentaire des démonstrations scientifiques. Mais il n’y a pas que les analphabètes qui soient superstitieux. Et comment !

Année 2004. Le Bac 2 et le défunt concours d’accès aux institutions d’enseignement supérieur en poche, je suis orienté – l’expression est consacrée – au Centre universitaire de Labé (CUL). Le site est situé à Hafia, une bourgade à 400 km au centre-ouest de Conakry et à 20 km de la ville de Labé, sur la nationale Pita-Labé. Vous l’aurez remarqué, l’abréviation du nom du Centre, CUL, en disait long sur son côté obscur…

No man’s land

L’infrastructure ne paie de mine. Les cours sont dispensés dans deux bâtiments rustiques aux allures d’école primaire rurale construite près d’une colline au pied de laquelle s’étend une vaste plaine infestée de scorpions et de serpents à sonnette. S’écarter de la petite piste latéritique qui serpentait à travers la broussaille pour aller à l’école, équivalait à prendre de gros risques de morsure.

Pas de dortoir, ni de réfectoire. Les quelque 400 étudiants que nous étions étaient logés à leurs propres frais chez les habitants du coin (très hospitaliers) dans des bâtiments en chantier où l’on s’entassait à plusieurs pour éviter de partager une case ronde avec une colonie de guêpes ou une intégrale (surnom que l’on donnait aux serpents).

Pour la bouffe, on mangeait ce que la nature nous offrait : pommes de terre (très bon marché), laitue, avocat, papaye, banane, orange, târo, mangue (en veux-tu, en voilà), etc.  Pour la viande, ceux qui n’avaient pas la possibilité de s’offrir un kilo de filet de bœuf pouvaient partir à la chasse et rentrer avec une belle perdrix ou un joli agouti (Ebola n’était pas là). Les Tarzan avaient toujours la possibilité d’attraper un gibier encore plus gros.

La brousse était pour nous un inestimable réservoir alimentaire. Mais aussi un formidable dépotoir d’ordures. Les toilettes, même turques, étant aussi rares que l’eau et l’électricité, chaque buisson était un W-C idéal ! Les abords des villages devaient être particulièrement riches en engrais naturel !!!

Le courant électrique était donc pour nous un luxe inaccessible. Pour voir une ampoule allumée, fallait attendre le soir quand on mettait en route pour quelques heures le groupe électrogène de l’école. Quant à l’eau, l’unique forage du village, perpétuellement pris d’assaut, était souvent le théâtre de bagarres entre étudiants eux-mêmes, puis entre étudiants et villageois. Pire qu’un puits en Somalie.

Jet Lee

Bref, c’est dans ce Koh-Lanta local, avec ces conditions de vie spartiates, qu’un mystérieux phénomène apparut et bouleversa l’ordre établi.

Ça a commencé par des murmures entre copains. Puis, peu à peu certains étudiants ont élevé la voix. Les témoins disaient avoir reçu sa visite. La nuit. Pour les uns, c’était un homme tout de blanc vêtu qui surgissait au beau milieu de la chambre et restait là immobile. Pour d’autres c’était une femme, une vieille femme édentée qui se penchait sur eux comme pour les embrasser. Pour d’autres encore, c’était un oiseau rapace aux griffes acérées et aux roucoulements glaçants.

La nouvelle fit le tour du village. Un diable pour certains, un sorcier pour d’autres, voulait du mal aux étudiants. Panique générale. On ne dormait plus, de peur de recevoir sa visite nocturne.

Rapidement, deux écoles naquirent pour interpréter le phénomène paranormal. Selon les adeptes de l’école du diable, on avait violé le domicile d’un esprit maléfique sur le chantier de construction des logements pour étudiants. Les  partisans de la version du sorcier, eux, étaient formels : un sorcier de Hafia (Hafia = Paix en langue locale Pular) voulait punir les étudiants qui avaient dérangé la tranquillité de la localité et qui couraient les filles du village dont plusieurs étaient tombées enceintes.

Un étudiant (sans doute un cinéphile) lui trouva un sobriquet assez original : « Jet Lee ». A défaut de pouvoir l’identifier, l’esprit avait au moins un nom. Bible et Coran furent mis à contribution pour exorciser le mauvais sort, chasser Jet Lee. Sans succès. Au contraire, les témoignages de vision se multiplièrent, plus effrayants les uns que les autres. Mais uniquement parmi les étudiants.

Un matin, très tôt, le village fut réveillé par un retentissant concert de casseroles. Une partie des étudiants n’ayant pas fermé l’œil de la nuit ont décidé de donner l’alerte et d’affronter Jet Lee frontalement. Mobilisation à l’école. Le mot d’ordre est simple : on veut quitter Hafia. Deux étudiants, pâles comme des anémiés, se présentèrent comme les toutes dernières victimes de Jet. L’un d’eux affirmait avoir été griffé la nuit passée. Il portait de légères égratignures dont il était difficile de juger l’origine en toute objectivité. Mais il n’était pas permis de douter. Conclusion : nos vies sont sérieusement menacées.

Branle-bas de combat. Tension à couper au couteau. Les responsables du Centre sont mis sous forte pression. Les étudiants veulent être transférés à Labé-ville pour y continuer les cours tranquillement. C’était une vieille réclamation d’ailleurs. Pour montrer notre détermination, une marche pacifique est organisée. Armés de rameaux, entonnant des chants guerriers, nous couvrons à pied les 20 km qui séparent Hafia de Labé. Entrée triomphale en ville. L’action mobilise toutes les autorités qui nous reçoivent et nous écoutent. Une seule réclamation : nous voulons rentrer en ville.

Finalement le transfert est acté. Le lendemain, nous votons à l’unanimité le départ de Hafia après 12 mois passés dans la localité.

Personnellement, je n’ai jamais su l’existence de Jet Lee. Au fond, je ne l’ai jamais cru à cause de mon esprit cartésien qui s’accommode mal de certaines convenances. Je me suis solidarisé à cause des conditions de vie difficiles qui nous faisaient passer pour des Robinson.

Ce dont je suis certain c’est qu’en ville, nous aurons trouvé un « Jet Lee » plus redoutable se manifestant à travers la vie chère, la faim, la poussière et la précarité. Un Jet Lee avec qui nous vivrons quatre ans durant. Quant au monstre de Hafia, personne n’en entendit plus parler. Alors bizarre ou pas ?


Ebola dans la cité : réalité, fantasmes et paranoïa

Virus Ebola
Virus Ebola

De leur abri haut perché sur les crêtes ferrugineuses des monts Nimba, les singes du sud de la Guinée boivent du petit-lait ! Depuis quelques semaines, les primates assistent, sans doute effarés, à un spectacle des plus absurdes. Leur redoutable prédateur, l’homo Guinéenus, se bat contre un ennemi invisible dans un combat déloyal, puisque à armes inégales : Ebola !

C’est à la radio, quelques rares fois, que j’entendais parler de cette saloperie incurable qui tue les gens atrocement loin là-bas dans l’ancien Zaïre, terre d’instabilité. Le virus Ebola sévissait en Afrique centrale, notamment en Centrafrique et en RDC où il a été découvert en 1976 près d’une rivière qui porte le nom d’Ebola. Comment cet inconnu a-t-il pu se taper un safari de milliers de kilomètres, traversant une dizaine de pays pour atterrir en Guinée pour faire coalition avec la malaria, le sida et le choléra contre une  population déjà éprouvée par un quotidien loin d’être tendre ?  En avait-il marre des fesses des rebelles maï-maï et autres fripouilles de la Seleka et anti-balaka ? Mystère.

Toujours est-il qu’Ebola est là, avec son cortège de malheurs et de désolation. Plus de 100 cas et des dizaines de morts tués par une fièvre foudroyante accompagnée de vomissements, de diarrhées et de saignements. Une contagion à travers les fluides biologiques. Aucun vaccin ni remède. Un cocktail qui fait que devant Ebola, le sida fait figure de rhume des foins.

Rumeurs. On dit. Puis panique générale qui n’a pas tardé à virer à la paranoïa depuis la découverte de quelques cas à Conakry la capitale. Les médias s’en sont mêlés, la rue et les réseaux sociaux ont récupéré la rumeur pour laquelle la Guinée est une véritable industrie.

Bonjour les anecdotes, les situations tragi-comiques et les dérives à la con.

Un petit importateur de produits cosmétiques doit une fière chandelle au filovirus Ebola. Il se demandait que faire d’une quantité importante de gel de mains qui arrivait à expiration quand l’annonce a été faite que le virus ne résiste pas au gel antibactériologique, au savon, au chlore et à l’eau de Javel. Sa marchandise est partie comme des petits pains.

Désormais à  Conakry, tous les jours c’est journée internationale de lavage des mains. A l’entrée de grands restaurants, de certaines écoles, ONG, institutions, banques et assurances, des vigiles armés de seaux d’eau javellisée appliquent les consignes à la lettre. Lavez-vous les mains avant de rentrer. Les épiceries sont déjà en rupture de stock de chlore et d’eau de Javel.

Ce dimanche j’ai été chatouillé par la vision d’un de ces paranos se promenant dans la rue sous 35°C, les mains rôtissant dans des gants de toubib. Il saluait à bonne distance, voyant Ebola en chaque individu croisé. Les Chinois, qui marchent en troupeau dans une Conakry chauffée à blanc, ont tous la bouche masquée par un cache-nez.  Donc votre Kung-fu peut être neutralisé par Ebola ?

Des années successives d’épidémie de choléra n’avaient pas pu rendre les Guinéens si prévoyants et hygiéniques. Mais aussi hystériques.

C’est dans les transports en commun que la situation devient ingérable. Faut voir les gars se faire encore plus petits pour ne pas se toucher dans un taxi où s’entassent jusqu’à sept gaillards. Chacun a la gueule tirée qui plonge dans le décor. On se veut moins tactiles, chaque cas de fébrilité étant suspicieux.

Ce week-end, un drame a été évité de justesse dans un bus de transport en commun sur l’autoroute Fidel Castro. Dans l’autocar plein comme un œuf, la chaleur était suffocante. C’est à ce moment-là que quelqu’un pris de nausée a vomi à l’intérieur! C’est le sauve qui peut. Le conducteur a détalé le premier abandonnant le bus surplace d’où s’échappaient les passages dans un chaos indescriptible. Plusieurs cas de blessés légers. Tant pis, mieux vaut un bras fracturé qu’Ebola dans le ventre.

Moins amusante est la bêtise de ce prof d’université qui relaie une connerie devant ses étudiants selon laquelle il serait déconseillé de s’assoir avec un Forestier au risque de contracter la maladie. Il a failli être lynché par ses propres étudiants, toutes ethnies confondues.

Par ailleurs, de petits malins – mais gros cons – s’amusent à faire de la publicité intrusive en diffusant des SMS selon lesquels un médecin chercheur guinéen vivant au Sénégal a trouvé un remède miracle et bon marché contre la fièvre Ebola : de l’oignon cru ! Des âneries.

Mais dans cette Ebolaphobie, la panique n’est pas uniquement au niveau individuel. Elle est aussi étatique. C’est toute l’Afrique de l’Ouest, en émoi, qui est tétanisée. Le Mali, l’autre poumon de la Guinée, annonce des mesures préventives, la Côte d’Ivoire a constitué une cellule de crise, le Liberia et la Sierra Leone sont déjà suspectés d’abriter la maladie, et le Sénégal vient de fermer sa frontière terrestre au nord-ouest de la Guinée bloquant des milliers de personnes dans les deux sens. Youssou N’Dour, qui devait se produire à Conakry le 29 mars, a été contraint d’annuler son concert in extremis.

Pourtant, le risque de transmission de l’Ebola est très faible comparé à certaines grippes comme celle aviaire ou le coronavirus qui a ravagé le Moyen- Orient l’année dernière. Mais si vous voulez avoir la tête carrée, allez répéter ça à un analphabète chômeur qui a la rumeur chevillée à l’âme…

Ebola est vraiment garçon hein. Il a déclenché un tsunami de paranoïa par-delà les frontières guinéennes, mais il a néanmoins le mérite d’avoir réussi à baisser la tension à Conakry sur le front social. On oublie les problèmes d’eau, d’électricité et d’insécurité pour faire face au redoutable ennemi commun qui ne fait pas de distinguo entre partisans et opposants. Il les mange tous à  la même sauce.

Justement en parlant de sauce, les rats, les écureuils, les macaques et les agoutis du pays pavoisent. Ils ont bénéficié d’un sursis inespéré et sans doute pour une longue période. Les défenseurs de l’environnement, en particulier de la faune, peuvent prendre leur congé sabbatique. Les braconniers et autres singivores sont tombés sur os. Ebola kö dougoulaa!*

*Ebola est néfaste


Lettre de chagrin à ma mère

Ma mère -
Adama Oury Sow 1944 – 2012

Ma très chère petite maman,

En ce 21 mars, comme chaque 21 mars, j’aurais aimé avoir le talent du poète Senghor pour me souvenir de toi dans une ode aux vers perlés d’amour et de tendresse. J’aurais voulu posséder la prose de Camara Laye pour te décrire, en des mots si simples, l’irremplaçable vide que tu as laissé. Hélas ! Je me contenterai de ma plume effilochée de blogueur pour te griffonner ces quelques lignes empreintes de chagrin qui consume mon âme depuis 24 mois.

Maman, voilà deux ans que tu es partie. Tu reposes à jamais à Fârâto, en terre gambienne, où le 21 mars 2012, par une belle fin de journée ensoleillée, nous t’avons accompagnée à ta dernière demeure. Je n’oublierai jamais cet instant pathétique où, le tout dernier à quitter le cimetière, je jetai un dernier regard sur ta tombe recouverte de terre ocre sachant que je ne te reverrai plus.

Les voies du Seigneur sont vraiment impénétrables : naître dans les confins de Télimélé, en Guinée, et aller se reposer pour toujours au cœur de la Gambie.

J’ai séché mes larmes pour pleurer de l’intérieur. Mon cœur saigne. J’ai compris que rien, même pas la mort, ne peut entamer l’amour d’un fils pour sa mère et sans doute, vice-versa. La mort t’a ôté de mon regard pour te replacer dans le sarcophage de mon cœur où tu vivras tant qu’il palpite. Jamais nous n’avons été si proches Nênè!

J’ai compris aussi qu’une mère c’est comme le bonheur : on l’apprécie quand on l’a perdue. Je te regrette beaucoup maman même si, comme le recommande notre religion, je rends grâce à Allah qui m’a gratifié le bonheur de grandir aux côtés de ma mère, contrairement à toi qui a perdu la tienne dès la naissance. C’est dur de perdre une maman.

Dans cette épreuve du deuil, du chagrin et de la mélancolie, j’essaie d’avancer, de me rendre utile pour mériter ta confiance et ta fierté. A chaque fois que je lève les yeux dans le ciel, où tu te trouves dans la félicité de Dieu, j’ai peur de croiser ton regard réprobateur pour la moindre incartade.

Maman, je suis devenu un homme. Ton « taureau », comme tu te plaisais à me valoriser exagérément – mon aspect fluet me rapprochait plutôt d’un taurillon non ? –, se bat dans des corridas à la dimension de tes espérances. Je me porte bien, je travaille, je bouge, je blogue, je blague. Grâce à Dieu, par tes bénédictions.

Je suis devenu un homme, disais-je. Ton fils s’est marié maman ! Une petite princesse venue de Télimélé-ville. Elle s’appelle Ramatoulaye. C’est encore un petit poussin que je prendrai dans mon sein avec toute la délicatesse dont j’ai héritée de toi. T’inquiète.

Dommage que tu ne sois pas là pour orchestrer les préparatifs de la célébration du mariage civil qui pointe à l’horizon. Dommage que tu n’aies pas été là pour régler les détails du mariage religieux célébré au tout début de cette année. Je sais tout l’aura que tu aurais tenu à imprimer à ces évènements. Je vois ton empressement à diffuser la nouvelle auprès de tes amies qui me fendillent souvent le cœur en me rappelant vos meilleurs moments ensemble. Le plus dur pour moi, c’est de retourner à Pountougouré sachant que je ne vivrai plus l’instant magique d’être accueilli par toi; sentir ton odeur de femme rurale parfumée au cambouis et à la bouse de vache.

Maman, le jour où j’ai signé mon premier contrat à durée indéterminée, j’ai écrasé une larme. J’étais déchiré entre la joie du nouvel employé et le chagrin d’être orphelin de mère. Tu n’as pas pu profiter des fruits de l’arbre que tu as planté et arrosé de ton sang et de ta sueur. Tu t’imagines tout le bonheur que j’aurais éprouvé de te voir rentrer des lieux saints de la Mecque à mes frais ? Tu en rêvais, je voulais le réaliser mais le destin s’est interposé.

Loin de moi la volonté de te payer (pourrais-je jamais ?), mais ça aurait été une manière de te prouver que tes efforts n’ont pas été vains.

Je sais les conditions dans lesquelles tu nous as élevés. Comme toutes les mères de notre contrée, tu as trimé. Tu t’en es allée le dos voûté, non pas sous le poids de l’âge à 68 ans, mais sous l’effet du dur labeur des travaux champêtres et de la vie de femme au foyer. Les corvées d’eau aux aurores sous la rosée, les matins secs et frisquets de fin d’année, le potager à entretenir, la tapade à bichonner, la cuisine à faire, les gamins et les bêtes à nourrir et à surveiller… Bref, être femme au village c’est savoir être à la fois au four et au moulin. C’est consacrer tout son temps aux autres sans en avoir suffisamment pour soi-même. C’est de l’altruisme!

Je garde encore l’image de ces femmes rentrant des champs, trempées jusqu’aux os, un fagot de bois en équilibre sur la tête. Souvent la faim dans le ventre. Ce n’était pas que la fumée dans les cases qui rougissait vos yeux, mais aussi l’épreuve de la vie. Comment garder la ligne, être belle et raffinée dans ces conditions ? Votre beauté est interne, celle externe vous a été volée.

Je suis conscient que si ma peau est lisse aujourd’hui, c’est parce que la tienne a été rugueuse maman. Si la paume de mes mains est spongieuse, c’est parce que celle de tes mains était couverte de callosités au contact du pilon, de l’herbe et de la houe. Pour prouver aux autres ce que je sais faire, je leur fourbis un papier appelé CV. Toi, il te suffisait de tendre la main où étais écrit le livre d’une existence aguerrie sur le champ de bataille de la survie.

Tu nous as élevés dans la pauvreté matérielle mais dans le respect et la dignité. Tu n’imagines pas le bonheur et la fierté que je tire de mon éducation et de la ligne de conduite que tu nous as tracée, mes frères et sœurs et moi.

Nous te remercierons et te béniront jusqu’au jour où, Dieu dans sa mansuétude, nous réunira tous ensemble au Jardin d’Eden.

Repose en paix Nênan Adama Oury.

Je t’aime <3>


Top 10 de types de maris guinéens préfabriqués

Couple - Crédit image: cerfdellier.com
Crédit image: cerfdellier.com

Il n’y a pas que les hommes qui ont des préjugés sur le sexe opposé. Les filles en ont aussi avec une certaine discrétion. Elles n’en parlent pas souvent, par pudeur, mais y pensent tout le temps.

A la question de savoir quel type de mari tu voudrais épouser ? La réponse est convenue : « Un homme fidèle, responsable et qui m’aime », c’est-à-dire un héros de la collection Harlequin. Chimérique.

Mais comme c’est le terrain qui commande, elles ont le choix entre :
#10 – Les polygames

« C’est Dieu qui nourrit » est la devise des  polygames, véritables industries ambulantes de gosses (surtout les analphabètes) : 2, 3, 4 épouses (voire plus) et une ribambelle de marmots. Les polygames mènent une vie pimentée. Leur quotidien est fait de bruit et de querelles entre coépouses. Ils vivent au milieu d’un harem et passent leur temps à jouer au médiateur ou au sapeur-pompier. Ils contribuent à la réduction de la population de femmes célibataires, certes. Mais dans la  plupart des cas une femme qui épouse un polygame est une divorcée. Dieu commande aux polygames d’être équitables entre leurs épouses, mais beaucoup pensent que leur péril viendra de leur partialité en faveur de la « bâtè » (préférée).

#9 – Les tontons

Ils ont d’jà franchi le cap de la cinquantaine, mais entendent toujours croquer la vie à pleines dents. On dit que les tontons adorent trois choses : la musique classique,  l’actualité politique et les petites mineures auprès desquelles ils rêvent de se taper une cure de jouvence. Les tontons ont cela de tentant leur propension à dépenser pour leur « love ». Ils sont prêts à casser la tirelire pour entretenir la minette, élevée au rang de « bâtè », au détriment de leur 1ère, 2e ou 3e épouse. Ils traînent une image d’infidèles et disposent toujours d’un « second bureau », pense-t-on.

#8 – Les débrouillards

Ils sont employés chez tonton « Débrouillardise ». Ils sortent aux aurores et rentrent au crépuscule. Toujours avec la même incertitude. Toujours avec la même mine de macchabée déterré. Les débrouillards vivent au jour le jour. Les affaires sociales sont leur péché mignon. Dans l’espoir qu’on leur rende la monnaie quand ce sera leur tour. Ils détestent les femmes dépensières. Epouser un débrouillard, c’est comme jouer à la roulette russe : tu gagnes ou tu meurs. Toujours nerveux et aigris, ils ont la gâchette facile. Quand le ton monte, ils peuvent facilement distribuer des mandales à madame. Quand ils sont de bonne humeur ils lui promettent des châteaux en … Espagne !

#7 – Les « démarreurs »

Ce sont des machines à sous. On dit qu’ils « démarrent », ils sont donc pleins aux as : villa (s), voiture (s), compte (s) en banque (le fameux VVC) et tous les accessoires qui vont avec. Les démarreurs sont pour les filles célibataires ce qu’est la lumière pour les insectes : attractifs. Malheureusement, certaines arrivent pour se brûler les ailes. Les démarreurs se sentent forts de leur richesse. Ils sont convoités par everybody. C’est elle qui parle pour eux quand ils sont en quête d’une femme. Certes, y en a qui sont humbles et généreux, mais la plupart sont réputés casse-couilles, totalement aveuglés par leur argent. Les analphabètes d’entre ceux-là adorent collectionner les femmes, belles et nombreuses. En Guinée quand un « démarreur » meurt, ce sont deux ou quatre femmes qui partent en fumée veuvage !

#6 – Les diaspos

Ce sont les Guinéens de la diaspora qui, grâce à Marc Zuckerberg, ont tous trouvé la terre promise : Facebook. Ils y vivent, s’organisent, organisent des concerts, des débats, des expositions, des exhibitions, des élections et même des marches de protestation. On dit qu’épouser un « diaspo », c’est partir habiter sur Facebook. C’est vivre l’amour par procuration. Trois ans, cinq ans, jusqu’à 10 ans de communication virtuelle sans rencontrer le bien-aimé. Y en qui se marient, causent, se querellent et divorcent sans jamais se voir ! Pourtant, les diaspos ont connu leur heure de gloire. Dans un passé très récent, ils avaient la côte auprès des belles demoiselles qu’ils raflaient à coup de billets d’euro ou de dollar. A l’époque, un « diaspo » était présumé « futur  démarreur ». Mais ça, c’était avant. La crise est passée par là, Skype a remplacé le téléphone. Désormais, un « diaspo », s’il ne vit pas en Angola, est présumé «futur vigile » en Occident.

#5 – Les étudiants

Ils incarnent l’espoir, mais ils incarnent surtout la précarité. Derrière les chemises immaculées et repassées d’un étudiant guinéen se dissimulent la galère et le ressentiment. Ceux inscrits dans les écoles publiques comptent sur une misérable bourse abusivement qualifiée « d’entretien ». On pense qu’épouser un étudiant, c’est entrer par effraction à l’école de la vie où les cours sont dispensés par monsieur « la conjoncture ».

#4 – Les cousins

Ils sont les dignes représentants de l’endogamie. Un mariage entre cousins est un raccourci de mariage. C’est une liaison arrangée en famille. Une belle demoiselle aux yeux d’ambre se voit offrir à son boutonneux de cousin par son propre père. Quel gâchis ! Un mariage entre cousins qui réussit est un ferment de cohésion familiale. Malheureusement, c’est souvent le contraire qui se produit. On pense qu’épouser son cousin, c’est savoir avaler des couleuvres. Le problème est que le mari considère sa femme comme sa sœur et non pas comme son épouse légitime. Au moindre pépin, il se sent investi la mission de la « corriger ». La lune de miel ne tarde pas à devenir la lune de fiel. Le clash est retentissant.

#3 – Les hommes en uniforme

Ils constituent la dernière bouée de sauvetage à laquelle s’accroche une fille célibataire désespérée. Ils inspirent la méfiance. Policier, gendarme et militaire sont réputés autoritaires et violents. On pense, à tort ou à raison, qu’ils règlent les différends conjugaux non pas au tour de la table, mais à la force du ceinturon et des brodequins. Ils ont certes un revenu constant (leur solde) et une dotation en ration alimentaire à la fin du mois, mais comme leurs ennemis amis étudiants, ils connaissent aussi la précarité. Sur le champ de bataille de la loterie, les hommes en uniforme sont des guerriers invincibles. Quand ils implorent le Seigneur, c’est pour deux choses : toucher le jackpot ou bénéficier d’une élévation en grade.

#2 – Les fonctionnaires

On pense qu’ils sont plus pingres que Harpagon ; qu’on ne « mange pas leur argent ». Mais ont-ils seulement de l’argent à manger ? Payés au lance-pierre, les fonctionnaires (de l’Etat) mènent une vie de galérien : bancarisés, surendettés, frustrés. Le fonctionnaire guinéen est un être écartelé et tendu en permanence. Il est irritable et lunatique. Pour les filles, entrer chez un fonctionnaire c’est entrer dans les « Sérès ». C’est s’abonner à la tontine et aux « Mamayas », faire la queue à « Yété Mali », ne pas rater le 20 h 30 de la RTG si le courant est de tour, laver et repasser (au charbon) « Abacost » et « Borsalino », apprendre à lire et à interpréter les résultats de « Guinée Games ».

#1 – Les jeunes cadres :

Ils sont reconnaissables à leur toilette impeccable : costard-cravate (même par 40° C), souliers resplendissants, faux Rolex au poignet, iPhone ou SG4 constamment vissé à l’oreille. Ils sentent bon et parlent affaires. A midi, les jeunes cadres ne mangent pas : ils « déjeunent ». Dans les restos et non pas aux « tourne-dos » (gargotes). Ils sont la coqueluche des demoiselles en quête de mari, séduites par ce style de vie raffiné sorti tout droit des écrans télé. Il se dit que cette espèce de maris gère la popote familiale sur un tableur Excel. Chaque dépense est calculée au centime près. Leur boulot passe avant les affaires sociales qu’ils perçoivent comme des sources de dépenses imprévues. Ils louent des appartements sur mesure pour éviter tout envahissement familial. Travail – prospérité – liberté est leur devise, le scrabble leur « hoby ».

NB : Ce billet fait suite à celui consacré aux filles et ne reflète pas forcément le point de vue de l’auteur. Dans les deux cas, il s’agit d’un ramassis de préjugés sociétaux avec leur part de vérité et de mensonge.


Top 10 des clichés les plus loufoques sur les célibataires guinéennes

Mariée - crédit photo: instant précieux
Mariée – crédit photo: instant précieux

Quand on pose la question de savoir « quel genre de fille voudrais-tu marier ? » à un célibataire guinéen en quête d’épouse, la réponse se fait aussi vite que la diarrhée d’un cholérique : « Une fille bien éduquée, issue d’une bonne famille ». Une phrase qui pue l’hypocrisie à mille lieues.

A la vérité le cousinage, le régionalisme et l’endogamie sont les trois critères qui gouvernent actuellement le mariage en Guinée, pays au tissu social fortement laminé.

A cela s’ajoutent la misère et la précarité qui ont conduit à la construction dans la conscience collective – conservatrice et machiste à souhait – de tout un schéma de clichés et de stéréotypes les plus loufoques sur les filles à marier.

Mesdemoiselles, chères célibataires de mon pays, voici ce que les mecs en quête de femme pensent de vous sans jamais oser le dire.

Bienvenue au pays des « on-dit »
#10 – Les jeunes filles

Elles ont entre 14 et 18 piges et respirent la santé. Elles sont prisées pour le parfum qu’exhale la fleur de leur jeune âge. Les hommes raffolent de la fraîcheur d’une jeune fille et tous les délices qui en émanent. Mais il y a le revers de la médaille. On dit qu’elles vivent à 100 à l’heure et prennent leur mari pour leur petit ami. Verbe haut, comportement irrévérencieux. Elles mettront du temps à se défaire de leur carapace de gamine doublée de « fille à papa ». L’époux devient à la fois père, mère et prof. Il doit tout enseigner, avec une approche pédagogique basée sur la persuasion. L’avantage est qu’une fois domptée, Monsieur est sûr d’avoir réussi à « fabriquer » sa femme à son image.

#9 – Les miss

A la vérité, tous les quêteurs veulent se marier à une belle femme. L’idée selon laquelle les hommes s’intéressent d’abord à la beauté intérieure est une grosse fumisterie savamment entretenue par eux. Le mâle guinéen est particulièrement porté sur la plastique des demoiselles. Le constat est simple : une belle fille, même chiante, a deux fois plus de chance de trouver un mari qu’une vilaine « bien éduquée et issue d’une bonne famille ». Et Dieu sait que les belles filles peuvent être une catastrophe ! Elles portent leur beauté comme un bouclier et s’imaginent que chaque regard masculin posé sur elles  signifie : « Je veux de toi ». Une fois mariée, on dit qu’elles vont passer leur temps à se laver, se limer, se coiffer, se parfumer et se mirer. Un seul ongle cassé, Monsieur doit trouver une bonne pour faire la lessive, s’occuper de la cuisine et changer les couches de bébé.

#8 – Les analphabètes

Véritables usine à gosses, elles sont taillables et corvéables à volonté pour peu qu’elles tombent entre les mains d’un macho aveuglé par sa richesse. Elles sont souvent victimes de mariage forcé à cause de leur ignorance (surtout les villageoises). Réputées « béni-oui-oui », on pense que les analphabètes seront « femme au foyer ». Leur force réside dans la préparation de toutes sortes de mets, hyper salés ou hyper sucrés, qui ne tarderont pas à flanquer un diabète carabiné à leur mari. On pense qu’elles sont dépensières, l’essentiel de leur préoccupation étant comment paraître belles dans les cérémonies de mariages, de baptêmes et de Sèrès. On les accuse aussi de transformer la maison de leur mari en cour du roi Pétaud où tous les parents du village débarquent sans crier gare.

#7 – Les élèves et étudiantes

On pense qu’elles sont éveillées et feraient bonne compagnie pour les sorties et le soutien moral. Mais en matière de dépenses, elles sont considérées comme le tonneau des danaïdes. Frais de transport et de scolarité, fournitures scolaires, argent de poche pour la lycéenne. Frais de transport et de scolarité, fournitures scolaires, argent de poche, plus tout un arsenal de chaussures, de fringues, de parfums, de perruques et de maquillage pour l’étudiante qui ne porte pas d’uniforme pour aller à l’école. On dit qu’avant de s’engager avec elles, il faut être sûr de soi.

#6 – Les diplômées sans emploi

C’est une espèce très recherchée. Elles ont l’avantage d’avoir terminé les études sans être trop jeunes ou trop âgées. Moins de dépenses donc. Elles sont en quête de deux choses : un mari et un job (pas forcément dans cet ordre). On dit que leur mariage ne passe pas inaperçu. Il doit être pompeux : cortège, réception, vin d’honneur et bectance à profusion. La légende veut qu’elles ne rentrent pas là où n’existe pas de télé (écran plat de préférence). En attendant de trouver un job, elles sont abonnées chez le pirate-vidéos du carré pour se rincer l’œil dans les soap-opéras sud-américains.

#5 – Les travailleuses

Celles-ci ont déjà un mari : leur travail. Ce sont les gardiennes du dicton (par elles inventées ?) selon lequel « le premier mari d’une femme, c’est son métier ». Celui qui les épousera servira juste de faire-valoir. Pourquoi pas de body-guard ou de valet de chambre selon les circonstances. A la maison, on pense que ce sont elles qui portent la culotte. Dans une dispute, elles ont toujours le dernier mot ragaillardies qu’elles sont par leur job.  Celui à qui ça ne plaît pas, peut plier bagage. Les hommes qui les convoitent caressent l’idée de goûter au confort d’être assisté quand « c’est dur ». Dans les faits, ils sont réduits à vivre le pire dans l’expression « mariés pour le meilleur et pour le pire ». Si tu tombes sur une travailleuse amoureuse et généreuse, c’est ta chance. Tu entres au paradis.  Sinon t’es bon pour le purgatoire.

#4 – Les expatriées

Elles suscitent la peur. On a de plus en plus tendance à se méfier de ces oiseaux d’ailleurs. Elles sont réputées « trop éveillées », « trop civilisées », surtout si elles vivent en Occident. Les expat’s traînent une image de femme mondaine qui n’enchante pas les hommes en quête d’épouse. Elles sont jugées un peu féministes sur les bords et ne cèdent pas un seul pouce s’agissant de leurs droits. C’est du genre à avoir l’essentiel de la collection Dalloz en tête. Si l’expatriée est une étudiante, ses chances de trouver un mari au pays, en dehors du cadre familial, se réduisent comme peau de chagrin. Elles ont beau farcir leur Mur Facebook de photos plus éclatantes les unes que les autres, la mayonnaise peine à prendre. Au pays on pense : « Si tu épouses celles-là, tu peux dire à dieu à ton autorité de mari ».

#3 – Les divorcées

C’est un produit de seconde main. Leur  valeur s’est fortement effritée avec le premier mariage, surtout si elles ont déjà fait un enfant. Les hommes les prennent en « pneu-secours » presque toujours comme 2e ou 3e femme. L’avantage avec elles, c’est l’expérience du foyer vécue ailleurs. Ensuite, elles savent déjà qu’elles jouent leur dernière  carte. Elles se sont assagies, échaudées par le premier divorce. Il se dit que quand elles arrivent, c’est généralement pour rester : pour le meilleur et pour leur vampire de mari.

#2 – Les grandes sœurs

Elles ont la trentaine bien révolue et la peau rugueuse. Pour retrouver leur fraîcheur de jeune fille, il faut feuilleter leurs nombreux albums photos jaunis par le temps. Elles sont soupçonnées d’avoir « fait la vie ». Les grandes sœurs sont à cheval entre les « divorcées » et les « travailleuses ». Elles n’ont pas de mari, mais se sont débrouillées à trouver un job. Abonnées aux marabouts, elles connaissent tous les secrets des philtres d’amour. Il paraît qu’une fois au foyer, elles savent entretenir leur époux qui devient un petit roi avec plein de gâteries. Le moindre de ses désirs se transforme en ordre pour madame. Malgré ce confort, ils sont peu nombreux à sauter le pas pour convoler en noces avec une vieille fille.

#1 – Les cousines

Elles sont, en théorie, à porter de main. « Les cousines sont faites pour les cousins » dit-on. Voilà un mensonger grossier. Sous nos cieux, un mariage entre cousins se termine souvent en eau de boudin. Ce mariage est censé perpétuer la sève, ressouder et raffermir les liens familiaux. Dans la plupart des cas, c’est le contraire qui se produit. Les disputes arrivent très vite. Chacun se croyant plus digne que l’autre, cousin et cousine finissent par détricoter les liens sacrés de leur mariage bâti sur du sable mouvant. Chaque famille se range derrière son enfant et la déchirure, inéluctable, s’approfondit. L’amour prend ses  jambes à son coup, la parenté se fissure. C’est le divorce.

NB : je répète que ce qui vient d’être dit ne sont que des ragots, n’est-ce pas mesdemoiselles ? 


Conakry, le calvaire du locataire

Un quartier de Conakry - photo: Alimou Sow
Un quartier de Conakry – photo: Alimou Sow

Me voici jeté en pâture ! Je suis à la merci des démarcheurs qui, après m’avoir méthodiquement désossé, refileront bientôt ma malheureuse carcasse aux concessionnaires pour le festin final. J’irai me reposer dans  le  caveau familial de la communauté des locataires indignés mais résignés de la capitale Conakry.

Arès vingt-un ans de vie tranquille à Conakry, me voilà en quête d’un nouveau gîte – changement d’état civil oblige. Presque un quart de siècle gracieusement coulé chez un oncle au cœur en or. J’ai déjà dit qu’en Guinée, il n’y a pas d’âge pour quitter ses parents : il y a juste un moment. Celui-ci est arrivé pour moi. Je dois m’en aller. Tanguy quitte sa famille.

Contrairement au personnage du film éponyme, je ne vais pas à Pékin. Je reste à Conakry pour chercher un logement. Un appartement.

Chemin de croix !

A Conakry, deux notions sont devenues  indissociables : logement et démarcheur. Ce sont les deux faces d’une même pièce. Le Yin et le Yang. L’un ne va pas sans l’autre. Qui veut un logement a recours au service d’un démarcheur ; l’incontournable intermédiaire entre concessionnaires de maison et locataires.

Le démarcheur est un personnage sorti tout droit d’un roman de Ferdinand Oyono. Ces quinquas brulés par la chaleur humide de Conakry sont reconnaissables à leur Borsalino trentenaire et à leurs souliers éculés qui prouvent qu’ils ont foulé chaque centimètre carré de terre des quartiers de la capitale. Organisés parfois en réseau informel, ils ont le plan directeur de la ville en tête : ils connaissent tous les bâtiments, leur surface, leurs propriétaires, leur statut, et éventuellement leur prix de location.

Le démarcheur se rémunère sur une commission versée par le locataire et le propriétaire correspondant à un mois de location pour chaque partie. Mais c’est le locataire qui casque ses honoraires de déplacement journaliers (25.000 GNF en moyenne) pour la quête de l’appartement à louer. Et c’est là qu’il devient un véritable Bernard Madoff.

Le démarcheur connait toujours où se trouve un appartement libre. C’est à la dernière minute qu’il vous sort : « ouuuups, quelqu’un vient juste de le prendre ». Vous venez de perdre 25.000 francs pour la énième tentative. Parfois, il indexe un bâtiment au hasard et vous dit « là, bientôt un locataire va libérer deux-chambres-salon-cuisine-douche-interne ». Il se crée un nouveau marché de déplacement. Et ça dure une éternité.

Quand il vous aura sucé jusqu’aux os et se rend compte qu’il ne peut plus rien tirer de vous, il finit par trouver un appartement et vous refile au propriétaire.

Commence une nouvelle aventure.

Le manque d’encadrement juridique du loyer à Conakry, fait que les propriétaires de maisons fixent le prix à la tête du client. Et ça varie d’une zone géographique à une autre. Les quartiers les plus convoités sont Kaloum (centre-ville), Camayenne, La Minière, Kipé, Nongo, Lambanyi, et une partie de Kobayah au nord-est. Pour leur calme et leur confort relatifs. Il commence à s’y développer le phénomène de la gentrification. Il faut compter en moyenne 1.500.000 francs par mois pour un appart’ de trois-chambres-salon-douches-internes. Dérisoire comparé à d’autres pays de la sous-région pensez-vous ? Eh bien, il ne faut pas oublier une donnée importante : en Guinée, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) est de 400.000 GNF (42 euros).

La fameuse caution d’acquisition de l’appartement est fixée en termes de mois de location au bon vouloir du propriétaire. Ici, on l’appelle « l’avance ». Ça varie en général entre 3 et 12 mois.

Le contrat de location étant  conclu verbalement, le prix du loyer suit toujours une courbe ascendante. Quand le propriétaire ou le concessionnaire (dans le cas d’une sous-location) se sent coincé, il augmente unilatéralement le prix. Pareil lorsque s’annonce la saison de pluies. Son seul argument : «tu paies ou tu te casses».

Résigné, tu restes. Obligé. En dépit des conditions de vie spartiates : bâtiment pas aux normes de sécurité, fourniture aléatoire du courant et d’eau obligeant les femmes à se lever au milieu de la nuit, quand le robinet coule, pour remplir tout ce qui est creux comme récipient.

Il y a aussi la promiscuité engendrée par la cohabitation difficile entre familles de locataire et de propriétaire. Jalousie entre les femmes qui se querellent pour un rien, transformant la concession en champ de bataille et leurs maris en Israéliens-Palestiniens. Tu rentres du boulot, courbaturé par les embouteillages et la chaleur, tu trouves ta femme et celle du concessionnaire aux prises parce que l’enfant de l’une a volé les billes de celui de l’autre. Bonjour le stress !

Un stress à l’échelle d’une ville. Cette crise du logement à Conakry est l’une des conséquences du développement déséquilibré du pays. La pauvreté en zone rurale a jeté des milliers de Guinéens sur les routes de l’exode ces trois dernières décennies. Les grandes villes ont servi d’aimant pour happer ces paysans miséreux en quête du mieux-être. Miroir aux alouettes. Conakry la capitale a été littéralement envahie. Résultat : une explosion démographique soudaine, suivie d’une urbanisation chaotique dépassant largement les capacités de fourniture de service de base : routes, eau, électricité, sécurité.

La crise du loyer a entraîné une crise du foncier. C’est la ruée ver la terre. Chacun veut bâtir sa propre maison pour sortir de la spirale du logement. Dans la zone de Conakry, les lopins de terre sont devenus hors de prix. Jusqu’à un milliard GNF (plus de 100.000 euros) pour une parcelle de quelques mètres-carrés.

Maintenant, c’est Coyah et Dubréka, les deux préfectures voisines de Conakry, qui sont en train d’être charcutées à coup de millions de francs guinéens. On ouvre un nouveau front dans la guerre d’usure propriétaire – locataire. David contre Goliath.


Non «Petit futé», Télimélé n’est pas un village !

Une rue de Télimélé - Crédit image : Nouhou Baldé
Une rue de Télimélé – Crédit image : Nouhou Baldé

Dans le jargon journalistique, ça s’appelle faire du «desk». Une bombe pète à Bagdad (c’est quasi quotidien malheureusement). Depuis son bureau aseptisé d’une rédaction parisienne, à des milliers de kilomètres de là, un journaliste, cigarette au coin du bec, y consacre une double page. L’attentat a fait 7 morts, il arrondit le chiffre à 10 et désigne un « cerveau ». L’article est publié.

Double gain pour le journal : il a fait l’économie de l’envoyé spécial et écarté le risque pour son journaliste de se faire kidnapper ou dézinguer. C’est une pratique courante que le regain du business de prise d’otage au Sahel et au Moyen-Orient est en train de nourrir au biberon par les temps qui courent.

Ça, je le savais. Ce que j’ignorais, c’est que des guides touristiques, réputés de haute facture, se livrent également à la pratique du « desk ». Impossible pensez-vous ? Alors sortons de Bagdad pour feuilleter « Le Petit Futé ».

Dans son édition d’octobre 2012 consacrée à la Guinée, le célèbre guide touristique « Le Petit Futé » écrit à propos de Télimélé, page 103 :

  • Le village fait partie actuellement de la région administrative Guinée maritime, mais historiquement est lié au Fouta Djalon. Télimélé est une tranquille bourgade endormie au sommet d’une colline, qu’il faut gravir après quelques virages en épingle à cheveux, dans lesquels de nombreux camions ou taxis sont souvent stationnés, le temps de refroidir leur moteur fatigué. Ce petit village de 13 000 habitants offre peu d’intérêt en lui-même, mais les pistes qui en rayonnent sont de toute beauté.

J’ai lu et relu. Je me suis dit que les rédacteurs de ce Petit guide sont vraiment futés ! Donc, Télimélé, ma préfecture natale, est un petit village inintéressant ?

Passé mon étonnement – et ma frustration – j’ai décidé, à travers ce billet, de servir de correspondant résidant au « Petit Futé » pour mettre à jour ses connaissances sur Télimélé.

Lexique du Petit Futé

Petit village de 13 000 habitants : ah oui, un petit village de 13 000 habitants c’est courant ça ? Alors un grand village lui en compte combien, hein Petit Futé ?

Télimélé est, en réalité, l’une des 33 préfectures que compte la Guinée, située à 260 km au nord-est de la capitale Conakry. D’une superficie de 9 000 km2 (soit 3 fois et demie la superficie du Luxembourg !), elle fait frontières avec pas moins de 8 préfectures : Pita et Lélouma à l’est, Boké et Boffa à l’ouest, Gaoual au nord, Fria, Dubréka et Kindia au sud. Cette situation exceptionnelle fait de Télimélé un véritable «hub» entre la Guinée maritime à laquelle elle appartient, la Moyenne Guinée et les pays limitrophes que sont la Guinée-Bissau et le Sénégal, dans la partie septentrionale.

Télimélé est subdivisée en 13 sous-préfectures, dont la plus éloignée, Daramagnaki, se trouve à 145 km du centre urbain. Des statistiques de la mairie indiquent que, la commune urbaine, qui comprend six quartiers et six districts, est peuplée de 56 000 habitants, soit près de deux fois la population de la principauté de Monaco (37 500 habitants).

… une bourgade endormie au sommet d’une colline : la colline en question est le célèbre col du mont Loubha que serpente une piste latéritique formant des virages en épingle. Et il faut arriver à Télimélé un samedi soir pour comprendre qu’elle est loin d’être une « bourgade endormie » avec ses discothèques comme « Janet » et « Africa », ou encore les  abords de la rivière Samankou qui prennent des allures de villégiature en période de fête.

Ce petit village (…) offre peu d’intérêt : cette affirmation pourrait déclencher une attaque cardiaque chez pas mal d’artistes guinéens, surtout les ressortissants de Télimélé comme Binta Laly Sow, Léga Bah ou encore Abdoulaye Breveté qui ont tous magnifié la beauté de la localité dans leur inépuisable discographie.

Au-delà des notes musicales, Télimélé est un véritable écrin de beauté pour touristes. Le climat de type foutanien, y est chaud et humide. La sous-préfecture de Brouwal Sounki – la mienne – est perchée à plus de 1 000 m d’altitude sur un plateau qui offre une vue  panoramique époustouflante sur les gorges creusées par la rivière Kakirima, à l’est, et les plaines encaissées qu’irrigue le fleuve Tominé à l’ouest, dans le Gaoual.  Dans le district de Kansaghi, à Pètè Baala, on retrouve une « valise naturelle » et de mystérieux pas d’un géant imprimés à jamais dans le granit. Au pied des falaises de Sogoroyah, prodigieusement sculptées par l’érosion éolienne, s’étale sur plusieurs kilomètres le village éponyme, l’un des plus grands de la Guinée.

Plus loin dans la commune rurale de Sinta, sur les sites de Guémé-Sangan et de Pètè-Bonôdji, on retrouve encore des vestiges de l’empire païen de Koly Tenguéla (16e siècle).

… historiquement lié au Foutah Djalon : sur ce point, Le Petit Futé n’a pas tort. Télimélé, étymologiquement de « Téli» (nom d’une essence végétale réputée pour sa rigidité et sa longévité) et « Méli » ou « Mélé » qui est toxique, appartient à la Région administrative de Kindia au même titre que Coyah, Forécariah, Dubréka, et Kindia. Mais pendant la période coloniale, le cercle de Télimélé relevait de Pita, au Fouta.

Selon le site Telimele.org, c’est après la bataille de Porédaka (Mamou) et le traité du 6 février 1897 que les Français ont installé un poste colonial à Koussy, un village situé au bord de la rivière Kakirima qui sert de frontière naturelle entre Pita et Télimélé. Poste transféré à Télimélé-centre en 1903. Sept ans plus tard, en 1910, Télimélé est érigé en circonscription administrative. A partir de 1984, avec le changement de régime, elle devient une préfecture composée de 13 communautés rurales de développement.

La localité, habitée naguère par les Djallonkés, est majoritairement peule. Les premiers Peuls musulmans sont originaires de Timbi (Pita), de Timbo (Mamou) et de Labé. On y retrouve également une importante communauté soussou.

Comme la quasi-totalité des villes intérieures de Guinée, Télimélé est confrontée aux défis du développement. La préfecture manque d’infrastructures, notamment routières, et les services publics d’eau et d’électricité sont à créer ou à améliorer. La population composée majoritairement d’agriculteurs et d’éleveurs est très dynamique. Sa diaspora est très active à l’image des associations des ressortissants et amis de Télimélé en Europe qui s’investissent dans le développement local, notamment dans les domaines de la santé, en équipant l’hôpital préfectoral, et l’éducation avec le projet de réhabilitation du lycée public de Ley-weindhou dans la commune urbaine.

Comme toutes les villes de Guinée également, Télimélé a ses mythes et ses légendes et suscite beaucoup de fantasmes. On attribue à ses habitants (principalement ceux de Bowé) des pouvoirs mystiques et une tradition assumée de marabout. Nous serions capables de cracher des abeilles ou de suspendre un village entre ciel et terre en cas de danger! Info ou intox? Allez savoir…

Mais tout cela concourt à dire que, contrairement aux allégations « deskées » du « Petit Futé », Télimélé n’est pas un petit village. CQFD