Cologne: l’eau, les trains et les… poubelles
De Cologne, je ne connaissais que la fameuse eau éponyme. Maintenant j’en sais un peu plus sur ses trains et ses… poubelles.
Cologne, cette ville allemande de fondation romaine que j’ai traversée dans un premier temps et visitée pendant quelques heures ensuite, me laisse une impression mitigée. J’adore sa majestueuse cathédrale au style gothique, les ruelles de la vieille ville aux pavés centenaires; mais aussi et surtout son parfum mythique à la senteur exquise. Par contre, je déteste ses trains parfois bondés et pas toujours (ou trop) à l’heure (en tout cas pour les miens).
Pour les poubelles de la gare centrale c’est plutôt tragi-comique.
En provenance de Paris, j’atterris pour la première fois à Köln HBF (Gare centrale de Cologne) ce lundi, 17 juin 2013. Je suis en route pour Bonn où je dois recevoir mon certificat de « Meilleur blog francophone » des Bobs 2013, grâce à l’Institut Français de Paris. Mon train de correspondance est en retard de 35 minutes, temps que je consacre à admirer le sublime tableau qu’offre l’été allemand en termes d’habillement pour les filles! Tennis, T-shirts et petites culottes ou collants transparents qui laissent découvrir des cuisses partiellement bronzées.
Je détourne mon regard de musulman pour le plonger dans… les poubelles installée sur les quais de la gare. Une espèce de borne futuriste en forme de frigo (oubliez le maudit frigo) sur laquelle des inscriptions invitent à classer les déchets selon leur nature dans des compartiments prévus à cet effet. Plutôt pratique, mais rien de révolutionnaire en soi (voir photo ci-dessous).
Le truc révolutionnaire c’est qu’en moins de cinq minutes j’ai vu trois mecs mal fagotés visiter successivement une poubelle, non pas pour y déposer des ordures mais pour en prélever! Ils sont munis de petites torches pour lorgner les coins sombres de la poubelle à la recherche des restes d’aliments ou de quelques centilitres d’alcool dans les bouteilles jetées. Un choc pour moi! Avec ça quand je pense qu’en Afrique (pas seulement) il existe des suicidaires prêts à affronter la Méditerranée à la nage pour rejoindre l’Europe… Je chasse rapidement l’idée de ma tête. De toutes façons, à chacun ses oignons.
Pour l’instant, les miens sont les trains. Je rattrape ma correspondance pour Bonn aux forceps. C’est un peu la cohue pour monter. On se marche dessus. Debout, j’arrive à me caser entre une blonde et un jeune hippie zébré de tatouages. Collé-serré. La chaleur est étouffante. Ça me rappelle un peu Conakry Express, le seul et unique train de transport que compte ma capitale (l’insigne « Siemens » en moins dans les wagons). Attention, avec celui-là 35 minutes de retard c’est pile à l’heure! Oubliez le mot « Express ». Et si vous râlez, allez prendre un Magbana.
Après trois jours de conférence à Bonn couronnés par la remise des prix aux lauréats des Bobs, une amie me fait visiter Cologne sur le chemin de retour pour Paris. Comme tout étranger, c’est l’eau de Cologne, la célèbre marque de parfum qui porte le nom de la ville, que je veux renifler en premier. Beaucoup de voyageurs se rabattraient sur la célèbre bouteille N°4711 dont l’enseigne est estampée sur le toit de la gare centrale.
Mais mon guide connaît mieux: Farina 1709.
On fait une descente dans l’antre de Farina, la plus vieille Maison de parfum au monde. La beauté du décor est à tomber par terre. Du parfum. Des bouteilles. De toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les bourses. Je me ravitaille, je m’enivre et je voyage dans le temps.
J’apprends, en effet, que c’est en 1709 que le parfumeur italien Jean Marie Farina s’installa à Cologne pour distiller de l’eau de vie à la senteur incomparable, appelée ainsi « Eau de Cologne » par les soldats français qui revenaient de guerre et qui contribuèrent à populariser la marque de l’Italien. Trois-cent quatre ans plus tard, un blogueur guinéen de passage à Cologne rapporte plusieurs fioles dans sa Guinée natale. Farina ne se l’imaginait probablement pas.
Moi non plus, pour la suite de mon voyage pour Paris au quai N° 8 de la gare. Enivré d’eau de Cologne, je mets à profit l’heure d’avance sur mon train pour faire du lèche-vitrines sur la principale artère commerçante de la ville. Je suis bluffé par la différence des prix avec Paris. C’est nettement moins cher ici de façon générale. La beauté des articles, la lumière et les vitrines aseptisées donnent envie de casser sa tirelire. Le consumérisme a pris le dessus par ici, me disais-je.
Plongé dans ces réflexions mercantilistes, je ne vois pas le temps passer, ni l’orage qui éclate soudain. Valse des parapluies. Je rejoins la gare au sprint et rate mon train pour Paris de deux minutes seulement! Le prochain est dans un peu plus de deux heures m’annonce le service de train Thalys. Patience. Impatience. Sur le maudit quai N° 8, je croise un trio de musiciens burkinabé en partance pour Bruxelles. Ils se mettent à me raconter leur participation au festival Africologne. Agglutinés au bout de la ligne, on ne voit pas le Thalys qui vient s’arrêter dans la section « B-C », embarquer et repartir sans nous! « Anne, j’ai encore raté le train! «
Ma déconfiture laisse de marbre les agents du Thalys. « Monsieur vous payez un nouveau billet, c’est tout ». Je casque 121 euros, le cœur gros comme ça. Je finis par embarquer à bord du train en toute fin de journée.
Quelques minutes de repos, les relents de trois jours de bonheur à Bonn et la sympathie des journalistes de la Deutsche Welle me font vite oublier le déconvenue de la gare de Cologne. Je rentre à Paris, le cœur léger comme une plume. Cologne, je ne t’oublierai pas de si tôt.
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