Top 10 des fautes de français qui collent les Guinéens à la peau
Le français est la langue officielle de la République de Guinée. Il est enseigné à l’école et parlé par au moins 28% de la population estimée à 10,22 millions d’habitants et composée de multiples groupes ethniques auxquels il sert souvent de passerelle de communication. Contraint de s’adapter aux dialectes locaux, le français parlé en Guinée est parfois serti des perles qui feraient se retourner Molière dans sa tombe !
Voici le top 10 de fautes de français qui collent les Guinéens à la peau :
#10 – Des tribus et des… lettres : en dehors des traits physiques et des langues respectives, l’autre trait caractéristique des groupes ethniques de mon pays est leur accent quand ils parlent le français. Tout instituteur sait que l’exercice d’apprentissage de certains sons syllabiques français aux écoliers guinéens est un véritable cauchemar. Et ce, suivant les ethnies :
- Les Peuls : le son «V» n’existant pas dans la langue Poular, faire dire à un Peul illettré « Vélo », « Voiture », « Vote », est un réel casse-tête chinois. Il simplifiera en remplaçant le « V » par « W » (Ce qui donnera Wélo, Watir, Wôté). Pareil pour le son « Ch », « Sch ». Il est plus aisé pour un Peul analphabète (ou pas) de tuer son unique vache à lait par un coup de fusil que de prononcer les mots « Chimie », « Châssis », « Schéma », « Psychiatrie », ou « Torche» !
- Les Kissis : ces habitants du sud de la Guinée semblent avoir un sérieux problème avec le son «GR». Du coup, dans leur bouche le mot «Grave» devient parfois « Glave » ou « Clave ». D’ailleurs, l’oreille d’un Peul a toujours l’impression qu’un Forestier (Kissi ou Guerzé) a une braise dans sa bouche quand il parle !!!
- Les Soussous : ce peuple côtier dont la langue est très parlée à Conakry la capitale sait pêcher du poisson, mais pèche dans la prononciation du son « Dia ». Les Soussous vexent souvent les « Diallo » et « Diakité » qu’ils appellent « Monsieur Yallo » ou « Madame Yakité ».
- Les Malinkés : je ne connais pas un son précis que les Malinkés ne savent pas prononcer, mais ils ont le tic de transformer le mot « donc » en « Donkou » quand ils parlent. Et, soit dit en passant, personne au monde ne sait parler plus fort qu’un Malinké ou un Bambara du Mali (tous des Mandings). En Europe, quand deux femmes Malinkés entrent dans un train, le silence s’enfuit par les fenêtres !
#9 – « Bonne voyage » : c’est une énigme. Personne ne sait pourquoi les Guinéens disent au voyageur « bonne voyage » alors qu’ils savent pertinemment que le nom « voyage » est masculin. La faute se retrouve même gravée sur des plaques situées au bord de la route.
#8 – « Ça descend » : ce bout de phrase qu’on crie dans les transports en commun à Conakry est une traduction littérale en français de l’expression Soussou « ä goroma ». « Ça descend » ne signifie pas qu’un sac de riz descend, mais plutôt « arrêt demandé » ou bien « Je descends ».
#7 – « Elle s’est accouché »: typique invention guinéenne, cette expression veut dire tout simplement «elle a accouché ». Tant pis pour ceux qui essaient d’expliquer que le verbe « accoucher » n’est jamais pronominal. Sans gêne on vous annoncera : « La femme de Fodé s’est accouché une fille ».
#6 – « J’ai passé chez toi » : cette faute de conjugaison colle à la peau des collégiens guinéens comme leur tenue couleur kaki. La leçon portant sur « le verbe passer et les auxiliaires être et avoir » ne passe pas du tout, visiblement.
#5 – « J’ai intervenu » : même problème que précédemment à la différence qu’ici, élève et parent d’élève conjuguent le même auxiliaire « avoir » devant « intervenir » qui, normalement, s’accompagne du verbe « être ». « J’ai intervenu entre mon fils et son maître ».
#4- « Idem que moi aussi » : les linguistes appellent ça une tautologie, ici on s’en fout. Dialogue sur la route de l’école : « Mon ami, j’ai faim ». « Idem que moi aussi» !!!!
#3- « Je les ai dit » : ce problème grammatical hante étudiants, cadres, journalistes et même des hauts dignitaires du pays. Beaucoup n’ont jamais su faire la différence entre les déterminants « le, la, les» et les pronoms personnels « la, lui, leur ». Parait que même en Conseil des ministres on peut entendre dire : « Il faut la donner ce dossier » !
#2 – « Je vais me déjeuner » : cette formule qui ferait danser d’étonnement l’excellent Ivan Amar de RFI, est une autre traduction littérale de l’expression soussou « N’khassa n’dèyba » (Je vais prendre mon petit déjeuner ». Matin de bonne heure, tu entends un gaillard dans les bas-fonds de Kindia, assis devant un faramineux plat de Foutty, annoncer : « Je vais me déjeuner » !
#1- « Faire partir » : la palme d’or revient à cette faute de français devenue un classique mêmes dans nos amphithéâtres. Au collège, les profs ont enseigné que « quand deux verbes se suivent, le second se met à l’infinitif ». Alors beaucoup pensent que dans cette expression « faire » est suivi du verbe « partir » alors qu’il s’agit du nom commun féminin singulier « Partie ».
Faites-vous partie de ceux qui ne commettent pas ces fautes ? Connaissez-vous d’autres ? Je vous laisse la main pour les commentaires ; en attendant, je vais ME déjeuner !!!
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