Du bon temps à Clermont – Ferrand après un voyage éreintant

Article : Du bon temps à Clermont – Ferrand après un voyage éreintant
Crédit:
21 août 2016

Du bon temps à Clermont – Ferrand après un voyage éreintant

Vue sur Clermont-Ferrand - crédit photo: Alimou Sow
Vue sur Clermont-Ferrand – crédit photo: Alimou Sow

Je savoure le bon temps que je passe actuellement à Clermont-Ferrand, je le vois comme la récompense suprême de mon exécrable voyage Conakry – Paris via Casablanca, qui a failli transformer mes vacances d’été en pétard mouillé. Vingt-quatre heures de retard au départ de Conakry à cause d’une avarie technique de l’avion avec pour conséquence directe la perte – non remboursée – de ma réservation d’hôtel prépayée à Paris. S’y ajoute la torture psychologique de voler dans un avion dont la roue crevée a été remplacée. « L’avionphobe » qui habite en moi, gavé d’horribles images de catastrophes aériennes sur National Geographic Channel, a failli péter un câble à 11 mille pieds d’altitude ! La perte de ma valise (retrouvée et rendue après quatre jours) fut la cerise sur le gâteau que m’a servi Royal Air Maroc. Shoukran !

Mais les choses ont commencé à partir en vrille bien avant mon arrivée à l’aéroport de Gbessia Conakry. Quelque temps avant mon départ de la maison, ma cheville droite est victime d’une entorse après un violent coup de porte. Un incident qui aurait dû me pousser à annuler mon voyage si j’avais été superstitieux (comme le sont la plupart de mes compatriotes), mais je suis plutôt d’un esprit cartésien.

Mon incrédulité face à certaines croyances populaires est-elle à la base de ma mésaventure ? Possible.

Adolescent, au village, j’ai vu des voyageurs rebrousser chemin après plusieurs kilomètres de marche et annuler ou reporter leur voyage, simplement parce qu’ils avaient croisé un individu soupçonné de sorcellerie ou parce qu’ils avaient buté sur une pierre du pied gauche (ou droit) !

Pour conjurer le mauvais sort du voyage, certains consultaient le Marabout pour savoir quel jour partir, à quelle heure et quelle direction prendre au départ. D’autres avaient recours à un drôle de GPS : la poule couveuse ! On devait surprendre une poule entrain de couver ses œufs pour suivre impérativement la position de celle-ci en sortant de la maison, quitte à foncer, tête baissée, directement dans la broussaille si le chemin y menait !

Hélas, je n’ai pas de poule couveuse pour savoir quelle est la bonne direction à prendre. Ce qui est certain, c’est qu’un billet d’avion de plus de mille dollars était en jeu si je décidais d’annuler délibérément mon voyage. Je préfère affronter un sorcier ayant des cornes que de laisser partir en fumée une telle somme…

Mais c’est de l’histoire ancienne.  Les charmes de l’Auvergne sont en train de poncer tous les mauvais souvenirs de cette mésaventure…

Ce qui frappe le voyageur qui arrive pour la première fois à Clermont-Ferrand par la route du nord, c’est le relief. La monotonie des plaines du centre est brusquement cassée par la chaîne des volcans du Massif Central qui surgit à l’horizon. La ville, capitale de l’Auvergne, se trouve confinée dans une sorte de cuvette cernée par un chapelet de volcans éteints (nommés les Puys) dominés par le très célèbre Puy-de-Dôme.

Le spectacle est plus parlant depuis le toit de la majestueuse Cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Clermont. Pour deux euros, l’effort de l’ascension des 245 marches de l’une des tours du monument est récompensé par une vue panoramique à 360 degrés sur la cité. Au premier plan, des maisons aux toitures en tuile rouge flammé, au second, les HLM des quartiers périphériques (avec la « Muraille de Chine » qui se détache nettement) et, à l’arrière-plan, des demeures cossues, accrochées au flanc des montagnes, complètent le décor de carte postale qui s’offre à mes yeux sous un ciel bleu azur.

L’église, comme la plupart des édifices environnants, est bâtie avec la Pierre de Volvic, une roche volcanique noirâtre qui confère un aspect sombre et un tantinet triste à la vieille ville de Clermont. Une tristesse accentuée par des rues quasi-désertes, l’été ayant charrié les Clermontois actifs vers les plages du Sud de la France. Je descends de la Cathédrale pour monter encore plus haut : au Puy-de-Dôme.

Sous la conduite d’un ami guinéen, aventurier dans l’âme, et qui connait Clermont-Ferrand comme sa poche, nous décidons, en compagnie de deux Auvergnats et d’un couple d’amis compatriotes, de gravir la montagne à la marche. Après trois quart d’heure d’une montée éreintante, nous voilà au sommet du volcan qui culmine à 1.465 m d’altitude. Pas de bol, le temps est couvert rendant la visibilité nulle. On m’explique rapidement que, par beau temps, la vue serait imprenable sur la ville de Clermont et la plaine de la Limagne. Je reviendrai, c’est décidé…

On dévale le flanc nord de la montagne par le Chemin des chèvres pour traverser une plaine qui rappelle les paysages irlandais magnifiés dans la série « Game of Thrones ». Notre « game » à nous, c’est l’ascension du Pariou, l’autre volcan éteint de la chaine. Il est moins abrupt que le Puy-de-Dôme, surtout grâce à un immense escalier en bois de 528 marches qui mènent jusqu’au cratère en forme d’entonnoir. Le temps est devenu plus clément pour admirer Clermont. Et pour pique-niquer. On redescend pour rentrer à la maison après 17 km de randonnée, les muscles en feu.

Depuis, je suis retourné au sommet du Puy-de-Dôme, mais cette fois par le Panoramique des Dômes, le magnifique train électrique à crémaillère qui déverse des fournées de touristes au sommet de la montagne, toutes les 20 minutes en été. J’ai pu admirer tout ce que le brouillard masquait lors de la première visite : au sommet, les vestiges du Temple de Mercure (édifice construit à l’époque gallo-romaine), la ville de Clermont-Ferrand, la plaine de la Limagne et des paysages montagneux entrecoupés de vallées à couper le souffle. Sur les dômes des petits volcans éteints, se sont formés au gré du temps de magnifiques lacs à l’eau d’un bleu profond : Gour de Tazanat, lac Aydat, lac de la Cassière, etc. Des hauts lieux du tourisme auvergnat, intelligemment mis en valeur pour la baignade, le vélo ou pour de somptueuses randonnées pédestres.

Sur le flanc nord du Puy-de-Dôme, des casse-cous s’élancent dans le vide depuis le sommet, accrochés à de minuscules cordes de parapente. A chaque décollage, un frisson me parcourt la colonne vertébrale !

C5

 

J’ai pourtant eu ma dose d’adrénaline au parc d’attraction et animalier du Pal, situé dans la commune de Saint-Pourçain-sur-Besbre, à un peu plus de 100 km de Clermont. Vingt-six attractions et un parc zoologique de 700 animaux. La nature est partout. A l’attraction Azteka, on a pris un train fou qui dévale des pentes raides et des virages serrés à une vitesse vertigineuse, à vomir toutes ses tripes ! A l’arrêt, je sentais la terre se dérober sous mes pieds. Un truc de ouf !

Clermont-Ferrand, c’est le relief et la nature, on l’a vu, mais c’est bien sûr aussi les fromages (l’ADN de la région) : le Bleu d’Auvergne, la Fourme d’Ambert, le Rocamadour, le Saint-Nectaire, le Gaperon… La liste est longue. Je me suis limité au Saint-Nectaire, pris seul ou avec du pain, et au Bleu d’Auvergne fondu dans un savoureux Hamburger dont mes papilles se souviendront longtemps. J’avoue que mes pressentiments sur les formages français, endurcis par le rebutant Camembert, commencent à s’émousser.

Clermont, c’est aussi la ville de la roue. Celle de Michelin dont on aperçoit les sites de la société un peu partout dans la cité. C’est un peu l’âme de Clermont-Ferrand. C’est ici que le fameux pneu Michelin est fabriqué depuis 1891. Plus d’un siècle après, Clermont et Michelin roulent toujours ensemble !

Enfin, c’est également ici, dans la commune voisine de Chamalières, que les fameux billets de Franc CFA sont imprimés avant d’être expédiés en Afrique dans les zones UMOA (Union monétaire ouest-africaine) et CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).

Clermont-Ferrand, ville des volcans, de la roue et des fromages, mais également ville du savoir où est né Blaise Pascal, mathématicien, physicien, philosophe, inventeur de la calculette et auteur de « Les Pensées » où il affirme : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». A propos de l’Auvergne, je reprends la citation à mon compte.

Partagez

Commentaires

françois pierre rougier
Répondre

super lims...mais tu dois gouter le gaperon pour etre un vrai auvergnat..!