Je suis Guinéenne, je suis naturellement belle
Anciennes Rivières du Sud, la Guinée actuelle indépendante depuis le 02 octobre 1958, est souvent présentée comme le « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » et surtout comme un « scandale géologique » à cause de ses nombreuses et multiples richesses du sol et du sous-sol, richesses symbolisées par le minerai de bauxite dont le pays détient les deux tiers des réserves mondiales. D’accord, nous sommes classés 178ème de l’Indice de développement humain par le PNUD et 154ème (sur 176 pays) du classement 2012 de Transparency International. Ok, deux ans après notre première élection démocratique, nous sommes toujours incapables de mettre en place le Parlement pour sortir de la transition. Pas donc de quoi se taper la poitrine côté démocratie et développement, même si l’on a de plus en plus tendance à verser dans le chauvinisme.
Par contre, ce qui donne envie de braquer une banque en plein jour ou de brader l’unique lopin de terre familial pour atterrir en Guinée tel un Roméo dopé de Viagra, c’est bien ce que nous avons de plus caractéristique, de plus esthétique, de plus magnifique, qui suscite des vertes jalousies et des envies libidinales compulsives : la beauté de nos femmes. Je me répète : les femmes de Guinée sont belles. Belles, élégantes, gracieuses, splendides. Une beauté, une splendeur sculptée sur des corps angéliques disséminés dans les quatre Régions naturelles du pays. Gazelles à la pureté céleste, houris de… Stop ! Ma poésie à deux balles ne saurait décrire la beauté de la femme guinéenne. Alors chantons-la.
Mais pas avec ces troubadours modernes qui font de l’image de la femme leur fond de commerce, s’emparant du micro pour pérorer des conneries à la limite de l’obscénité. Non, je fais plutôt allusion à des tubes comme « Rewbhé » de Maïmouna Barry qui, par sa voix de rossignole, rehausse la beauté et le courage de la femme guinéenne dans toute sa diversité ethnique. Je parle de «Mariama », chanson culte du groupe de rap Fac-Alliance qui a dessiné un sourire de fierté sur la bouche de plus d’une Mariama en Guinée et bien au-delà. La talentueuse Oumou Dioubaté avait déjà donné le «la» en élargissant le spectre à travers «Moussolou» (Femmes d’Afrique) qui rappelle la condition féminine. Et bien d’autres. Le répertoire est inépuisable…
Un mâle camerounais, étourdi de jalousie, pourrait demander «et alors pourquoi vos femmes ne sont pas systématiquement des Miss Monde ?». D’abord, parce que c’est rarement les belles qui sont miss ! Les concours de beauté sont connus pour être un entrelacs de combines où des promoteurs véreux se sucrent sur le corps de pauvres jeunes filles. Aussi, selon les critères de beauté dorénavant imposés dans ces mondanités, une fille analphabète n’est pas belle. Renversant ! En fin – c’est une donnée qu’on ignore souvent – en Guinée, le poids de la tradition et de la religion (le pays est croyant à presque 100%) fait que les élections miss ne sont pas toujours bien vues. N’empêche, miss CEDEAO 2012 est bien une Guinéenne et elle est belle tout comme, la sublime Souadou Dramé (voir photo), miss Guinée Amérique du Nord 2012…
Je souris quand je vois à la télé des filles empourprées, laides comme un pou, qu’on colle l’étiquette de «miss tel ou tel» au détriment des vraies. C’est là que tu piges toute l’industrie de la magouille développée autour de ce beauty-business. Faites un tour dans les lycées de Labé ou de Dalaba pour comprendre que la Guinée est une vaste pépinière de canons de beauté à l’état pur. Une beauté sans fard, irrésistible (DSK sait de quoi je parle). Si l’on n’est pas systématiquement Miss Univers, c’est simplement pour les raisons que vous savez. Bref, les miss ne sont pas forcément sur les podiums baignés de spotlights, mais souvent dans les foyers loin des paillettes et des cosmétiques.
J’ai toujours la rage au ventre quand je vois certaines de mes sœurs vouloir ressembler à Monica Bellucci en se dépigmentant la peau. Simplement parce que des hommes, les chaines de télé, la presse People et maintenant Facebook leur ont vendu un modèle de beauté tout craché. Longue crinière, courtes paupières. Il faut être claire pour plaire. Miroir aux alouettes pour des mâles en rut. Progressivement, cheveux et ongles artificiels, hydroquinone, tatouages et piercing sont en train de devenir le fond de teint de cette image de la femme guinéenne à la beauté «bio». Un regret pour moi.
Pourtant, j’aimerais continuer à jubiler devant les hommes sénégalais, togolais, maliens, ivoiriens, béninois, camerounais, etc. qui se répandent goulument en éloges pour la beauté immaculée de nos fées. Mais avec la fierté d’entendre chacune de vous, mes chéries, affirmer : «Je suis Guinéenne, je suis naturellement belle». Je vous aime!
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