L’homme est un loup pour…l’animal !
« Zen mon chat de 4 ans, s’est fait renversé [r] par une voiture hier après-midi. Le voisin nous a prévenu[s]. Je suis si malheureuse. Une partie de moi est partie avec lui. Je l’aimais tellement. Il me manque ». Ce commentaire de Céline posté sur chien.com laisse deviner que la vie de Zen, son chat, était épanouie. En dépit du destin tragique qu’il a rencontré. Une existence pleine de tendresse et de câlins. Loin de la vie de chien que mène Dick, le chien galeux et mal-aimé qu’a voulu élever mon cousin.
Il y a de cela quelques mois, mon petit cousin, Bobo, ramenait à la maison, sourire aux lèvres, un chiot qu’il s’empressa de nommer Dick. Un nom qu’il a sûrement pioché dans un documentaire de la chaine de télé Animaux dont il se régale. Dick, un bel animal je l’avoue, était devenu son meilleur pote qu’il nourrissait et dont il offrait le plus grand soin qu’il pût.
Dick a eu le malheur d’attraper une gale. Il se grattait, sa peau foutait le camp de façon lamentable. Il perdait ainsi de sa superbe réduisant son allure d’avant en peau de chagrin. On s’est mis à le haïr. Toute la maisonnée, moi y compris, pressait Bobo de jeter son Dick. Personnellement, je n’aimais pas le voir souffrir et redoutais de choper une maladie qu’il pourrait transmettre. Bobo ne l’entendait évidemment pas de cette oreille. Jusqu’au retour au bercail de son père « diaspo ». Celui-ci a immédiatement développé une Dick-phobie transformant la vie du petit chien en cauchemar. Il est cravaché, battu à coups de pied, de bâtons, enchainé, mis en quarantaine… Chacune de ses escapades nocturnes à la recherche d’une partenaire est sanctionnée tôt le matin par une séance de bastonnade anthologique. Une, deux, trois fois il a été jeté, toujours plus loin, trois fois il est revenu, la queue entre les jambes, préférant l’enfer de la maison à la vie-de-chien-errant-de-Conakry.
Les animaux de compagnie, ce n’est pas du tout mon fort. J’ai le défaut de ne pas aimer les élever. C’est toujours étonné, parfois répugné, que je vois, à la télé bien sûr, des chiens et des chats chouchoutés comme de véritables bébés humains par leur maître. Mais c’est toujours triste, la rage au ventre que je vois mon oncle maltraiter ce chien qui n’a de tort que d’être un chien et de tomber entre ses mains. Un paradoxe, puisque ce même oncle se plait à nourrir depuis 1998 matin et soir un essaim de tisserins qui peuplent les alentours de la concession ! Plus aviculteur que canin donc…
Le sort de Dick est peu différent de celui réservé à ces autres animaux de production que sont notamment les bœufs. Elevés principalement dans la région de la Moyenne Guinée, c’est dans des conditions… « inanimales » qu’ils sont transportés à Conakry où ils finissent dans l’assiette d’un « Grand Quelqu’un » – avec un kilo à 28 000 GNF (près de 3 €), ne mange pas de la viande qui le veut! Entassés dans des camions-remorques, enchainés les uns aux autre, ils passent ainsi plusieurs jours sans boire ni manger avant d’arriver à destination. Ils sont ensuite débarqués sans ménagement, battus, torturés, ligotés et jetés dans le coffre d’une Renault 12 à l’agonie ou suspendus sur le toit d’une épave de Magbana. Des bouchers sans pitié les achèvent enfin avec une rare bestialité dans des endroits répugnants nommés boucheries.
L’adoption d’un animal de compagnie auquel on s’attache tendrement est un phénomène de société ailleurs, au pays de Céline. A Conakry, les chiens sont dressés pour dissuader les bandits qui sèment la terreur dans la cité (sans succès), les chats contre les souris et autres rats, les pigeons pour être revendus, les chèvres et moutons pour finir en barbecue chez le « dibitier » d’à côté.
On ne prend soin de ces animaux qu’en les engraissant dans le but de se faire plus d’argent sur eux. Dans le silence complice des textes de lois guinéennes pour leur protection, ils font les frais de leurs loups de maitres. Haro sur vous !
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