Union entre Ibrahima Diallo et Asmaou Barry, un mariage tradi-moderne
Il est des unions au sujet desquelles nul besoin de posséder le don de l’oracle pour prédire qu’elles sont inscrites dans le marbre pour durer éternellement. L’union entre Ibrahima Diallo, juriste, et Asmaou Barry, journaliste, sont de celles-là.
Ibrahima et Asmaou c’est avant tout une ressemblance physique saisissante qui les ferait passer pour frère et sœur. Une beauté sans fard pour l’une, une élégance sans extravagance pour l’autre. Ceux qui connaissent et côtoient ces deux activistes défenseurs des droits de l’homme les décrivent individuellement et invariablement par les mots « sympa », « simple », « serviable », « humain/e », « engagé/e », « généreux/se ». Des qualités qu’ils ont décidé, librement, de mettre en commun pour les rendre encore plus éclatantes, par les liens sacrés du mariage.
De leur mariage, Asmaou et Ibrahima ont réussi à le rendre mémorable, que dis-je, exemplaire pour ceux qui, comme moi, ont eu le privilège d’y assister.
D’abord le mariage religieux célébré, fin décembre, dans la plus grande sobriété – j’ai envie de dire presque en catimini – et dans la pure tradition peule. Réunion des sages à la mosquée, assis par cercles concentriques, les deux familles des mariés d’un côté et de l’autre, sous l’arbitrage du conseil des sages et des imams. Noix de colas et billets de banque font la navette avant que la cérémonie ne s’achève par un tombereau de bénédictions pour l’éternité de l’union et la baraka de la descendance.
Puis le mariage civil, célébré ce dimanche 13 janvier, toujours dans la même sobriété avec la signature de l’acte de mariage devant l’officier de l’état civil à quatre, chacun avec son témoin. S’en est suivie l’habituelle cérémonie de réjouissance mais cette fois si originale qu’elle a toutes les chances de constituer une jurisprudence. Sobre. Simple.
La simplicité, c’est le maître mot !
Elle était dans la tenue des mariés ce dimanche. Oubliez le fameux costume-cravate même par 42° à l’ombre comme on le voit régulièrement dans les mairies aux salles de cérémonie exiguës. Oubliez surtout la fameuse robe pacotille de la mariée avec une traine mimant la longueur de celle de la princesse Meghan Markle mais si différente en terme de qualité… Le couple a préféré tailler sa tenue dans le tissu traditionnel guinéen, du côté du Fouta, aux motifs appelés « Sity Salade« . Une longue tunique en deux pièces pour Ibrahima, une jupe longue rehaussée d’une robe courte, l’ensemble assorti d’un mouchoir de tête artistiquement noué, pour Asmaou. Du bleu. Du beau. Du simple.
Une simplicité vestimentaire adoptée également par le couple de Parrain et de Marraine. Une élégante veste, toujours en tissu guinéen, pour M. le Parrain, Mamadou Baïlo Barry, une robe scintillante pour Mme la Marraine, Asmaou BAH (la ressemblance jusqu’au prénom). La Marraine était surtout flamboyante par sa coiffure traditionnelle peule en forme de crête : « dioubâdhé ». Exit mèche brésilienne, coiffe à l’européenne, perruques à l’ancienne faisant passer leurs porteuses, le visage noyé de maquillage à outrance, pour des clowns de foire.
Simplicité également dans le cérémonial. Pas de cortèges d’autos et motos polluantes et bruyantes, donc pas de risques d’accident de circulation qui gâchent certains mariages, voire les endeuillent. Le couple a préféré rejoindre le public à pied, précédé de sublimes fillettes dans la dizaine.
Simplicité, enfin, pour le spectacle. Loin des orchestres à un million de décibels, le couple Diallo a préféré innover en invitant deux artistes traditionnalistes de deux cultures différents: malinké et peul. « Saran de Siguiri », connue pour sa magnifique voix à l’image des glorieux griots de la lignée des « Ballafassékès » du vieux Mandingue, et Farba Adams LY, griot peul vêtu d’une tunique ouverte aux quatre vents, telles les ailes déployées d’une chauve-souris, et coiffé d’un casque de berger peul sanglé au niveau du menton.
Sur un air de musique douce, le duo alternant magnificences et rappels historiques en Poular et Maninka, était à la fois admirable et convaincant. Le Foutah et le Mandigue aux traditions séculaires et ressemblantes, réunies par deux belles voix.
Aucun mendiant pour vous harceler à cause d’un billet de banque, aucune occasion donnée aux « nouveaux riches » pour faire étalage de leur avoir à l’origine souvent douteuse. Les artistes étaient là pour chanter, pas pour mendier, le public là pour écouter, apprécier et applaudir quand c’est nécessaire.
Originalité et simplicité auront été présentes jusque dans la nourriture servie: l’incontournable Latsiri-et-Kossan en milieu peul et quelques curiosités étrangères pour enrichir les mets, le tout accompagné des breuvages constitués du gingembre, de l’oseille de Guinée (Bissap) et de quelques canettes de jus de fruit.
Ibrahima et Asmaou, puisse Dieu bénir votre union et inspirer les futurs couples à effectuer cet utile retour aux sources. Soyez heureux pour toujours.
Commentaires