Conakry : bloguer sous état d’urgence

A travers la fenêtre de ma chambre, un rayon du soleil naissant danse fébrilement dans le lit. Au loin, un coq ose chanter pour la deuxième fois. Il est 6 heures du matin à Conakry. Je me lève enfin, la tête lourde d’insomnie, les yeux comme injectés de piment et les oreilles résonnant encore du bruit des armes. Nous venons de passer la première nuit de l’état d’urgence !
Les militaires, dont le pouvoir est désormais accru, ont copieusement arrosé les quartiers des rafales de mitraillettes, toute la nuit durant. La tension politico-ethnique a atteint son paroxysme, la psychose s’est installée ! Les femmes, la peur au ventre, ont les traits tirés malgré leur tête bien tressée en prélude à la tabaski avortée de mardi. Les enfants terrorisés par le bruit des armes ont les yeux hagards. Les rideaux des commerces sont tirés depuis plus d’une semaine, la circulation routière quasi-inexistante.
C’est dans un tel contexte que je tente de poursuivre l’aventure Mondoblog. Presque une gageure, d’autant plus que mon secteur est privé de courant électrique depuis plus d’un mois. Pour charger mes appareils, je les envoie chez un ami épargné de la panne du courant. Quant à la connexion Internet pour publier mes billets, un autre ami consent à me prêter sa clé 3G, périodiquement. Cependant, que ce soit pour charger mes appareils ou emprunter la clé, je suis obligé de traverser des concessions où le risque est grand de me faire agresser à cause de mon appartenance ethnique ! Ce n’est tout de même pas un cas isolé. Des anciens amis se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. La méfiance s’est installée, des armes blanches circulent presque au grand jour. Tous les ingrédients d’une guerre civile sont réunis !
Devant cette terrible détérioration de la situation, mes activités de blogueur risquent de s’arrêter net ! Je continue à prier pour que cela n’arrive pas et que vive ma Guinée plurielle. Puisque vous avez parcouru cet article, joignez vos prières aux miennes pour que l’aventure continue avec vous.
Alimou Sow
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