Mamadou Alimou SOW

J’ai rencontré Oscar, le caricaturiste du satirique Le Lynx

Ben Youssouf Barry alias Oscar

« Il possède des capacités à travailler de façon autonome ; c’est un étudiant intelligent qui a de l’avenir », disait de lui en 1989 Dr Paul Condé, Doyen de la Faculté des Sciences Biomédicales de l’université de Conakry (Actuelle Gamal). Vingt-deux ans après, la déclaration s’est avérée prémonitoire pour Oscar, Chef du service Illustration et Caricatures de l’hebdomadaire satirique Le Lynx.  Chaussé de verres correcteurs et armé d’un sourire charmeur, il me reçoit ce vendredi après-midi dans les locaux exigus et  surchauffés du Journal.  Petit tour dans son bureau: occupé. On se contentera des fauteuils du couloir d’entrée qui sert d’antichambre.  J’ouvre le débat : « Monsieur, vous êtes connu sous le pseudo de Oscar, veuillez vous présenter ». Il me glisse une magnifique carte de visite qui indique  « Ben Barry Youssouf Oscar ».

Comme tous les lecteurs du Lynx, Youssouf Ben Barry me fait sourire chaque lundi. Je le prenais pour un Goliath, je découvre un Peulh de 49 ans imberbe dont la démarche est soutenue par une béquille. Né à Gaoual, Youssouf Ben Berry alias Oscar a eu une enfance itinérante. Son père, Elhadj Boubacar Seydi, originaire de Labé (Dara-Labé) était trésorier payeur  qui vit au gré des mutations. C’est à Kindia à l’Ecole Primaire de l’Application qu’il est admis comme auditeur libre à seulement quatre ans. Il se révèle un doué, surtout pour le dessin dont on lui découvre des talents précoces. « En classe de 4ème c’est moi que le maître désignait pour dessiner la carte de la Guinée au tableau ». Trois ans plus tard, il faisait porter par ces camarades du Collège du « Baffons » les portraits grand format de Samory Touré, Alpha Yaya Diallo, Lumumba ou de Che Guevara lors des défilés à Kindia.

Doué, le petit « Ben » est aussi un « turbulent ». Après un transfert à Forécariah, il se fracture la jambe gauche lors d’une partie de tennis dans la cour du Gouverneur d’alors. Petit séjour à Conakry (Enta) auprès d’un guérisseur traditionnel avant son retour à Kindia où il décroche, sans coup férir, l’examen d’entrée en 7ème année puis le Brevet à Gaoual, enfin le baccalauréat à Kindia au lycée 8 novembre. Cap sur Conakry à la fac de Donka. Il opte pour la Biochimie.

C’est précisément à la fac que sa passion de communicateur se matérialise. On ne renonce pas à un don. Après l’université, il y fait la rencontre des anciens journalistes du quotidien Horoya : Karamoko Bayo, Jean Soumaoro, Mody Sori Barry,… Ensemble, ils ressuscitent  le  « Foniké Magazine », un journal pour ados. Il s’occupe de la maquette et des illustrations. En 1990, il trouve une opportunité singulière de se perfectionner comme maquettiste. En rejoignant « La Nouvelle République », un pamphlet créé par l’ancien opposant Bâ Mamadou, Ben Barry prend ses premiers cours de Page Maker sur un Macintosh ! « Nous étions, mon ami Thierno  Aliou Diallo et moi, les tous premiers guinéens à être formés à la conception d’un journal avec un ordinateur en 1989-1990 », se souvient-il.

Son baptême de feu pour le montage de journal, il l’a accompli bien plus tôt. C’était en 1987 au sein de « Inter-Conakry », plaquette publicitaire de format A5 tenue par un franco-ivoirien, Yves Van-Ycoute.  « Nous montions le journal à la main », précise-t-il. Il signait ses dessins « Ben Barry ». Ensuite « Ben Oscar » deux ans plus tard dans « L’événement de Guinée », magazine économique fondé par un certain Boubacar Sankaréla Diallo et édité en Belgique.

La Nouvelle république où il fait la connaissance de Bah Lamine (BML), Diallo Souleymane et William Sassine est un tremplin pour la création du Lynx, premier journal satirique de Guinée. Il est lancé en 1992. Ben Youssouf Barry adopte définitivement le pseudo de « Oscar ». « D’où vient ce surnom de Oscar ? « Ce sont mes amis de la fac qui me l’ont trouvé. Ils disaient qu’ils ont trouvé leur Oscar en parlant de moi », m’explique-t-il.

Chaque lundi, il « croque » à travers son crayon les personnalités qui font l’actu en Guinée. « Fory Coco », le personnage de l’ex-Président Lansana Conté qu’il a inventé l’a rendu notamment célèbre. « Justement Oscar, une anecdote circule comme quoi le Président Conté a demandé un jour à voir celui qui le caricature de cette façon et tu as été convoqué… ». Il secoue la tête : « non, c’est très beau et bien dit mais ce n’est pas vrai. Il ne m’a jamais dit ça. Ni convoqué.  Par contre, lors d’une rencontre aux cases de Bellevue, il m’a lancé une blague en me demandant de lui reverser ses droits d’auteur car je me fais de l’argent sur sa tête, disait-il; sinon, il me fout en prison et retire ma femme… ». Mariam Sylla (Hadja), la mère de ses quatre enfants, sa « douce moitié » comme il l’appelle, est une Soussou (comme Conté) de Dubréka. Et si Oscar n’a pas été inquiété par Conté, il a fait « un peu de taule » en caricaturant Kadiatou Seth, la seconde épouse de celui-ci. Une routine pour les responsables du Lynx aux débuts du satirique.

Physique d’intello, personnage attachant Youssouf Ben Barry est un touche-à-tout. Dessinateur de presse, journaliste, infographiste licencié en PAO (publication assisté par ordinateur) et maintenant Directeur d’entreprise de publicité (BBG). Les rencontres, colloques internationaux, festivals de bandes dessinées, il est toujours invité. Adulé, ses amis s’appellent Jean Plantu (Cartooning for peace), Lassane Zohoré (Gbiss, Abidjan), TT Fons (Goorgoorlu, Dakar) et Najad (iconovox, Paris)…S’il regrette le manque de dessinateurs de presse en Guinée, il se réjouit à l’idée que ceux qui ont été à son école au Lynx sauront prendre la relève. Même si beaucoup de lecteurs ont du mal à se passer du « coup de crayon de Oscar ».

Oscar par Oscar

 


Conakry, la poubelle urbaine

Des détritus charriés par les eaux

« Après la pluie, c’est le beau temps ». « La pluie du matin réjouit le pèlerin ». Voilà le genre de dictons dont on n’entend jamais prononcer à Conakry. Après les premières averses, la capitale guinéenne, ex-« Perle de l’Afrique occidentale », offre une image propre à elle. Des montagnes d’ordures charriées par les eaux de ruissellement, des caniveaux bouchés, une odeur pestilentielle omniprésente….Bienvenue à Conakry, la poubelle urbaine.

Qu’est-ce qu’un caniveau ? Poser la question à un bambin de  Conakry, sa réponse est sans ambigüité : « c’est un trou où on jette les ordures » ! Ici, il existe un moyen à la fois expéditif et très simple de se débarrasser des déchets. Attendre la pluie et les balancer dans les eaux de ruissellement. Celles-ci se chargeront de les drainer dans les caniveaux avec l’espoir qu’ils flotteront, comme une bouteille vide, jusqu’en haute mer. En saison sèche, on se livre à la pyromanie. Les ordures sont accumulées à chaque coin de rue ou dans les concessions, puis brûlées dans la soirée. Ce qui, pendant cette période, donne à la ville l’aspect d’un volcan en activité avec cette fumée âcre qui pénètre les poumons et empêche de bien respirer.

Trente mille (30 000) tonnes (Service Public de Transport des Déchets, SPTD)! C’est la quantité de déchets produite quotidiennement par les quelques 2 160 000 personnes qui peuplent les cinq communes de la capitale guinéenne. Qu’est-ce qu’on en fait ? On les entrepose partout : dans la rue, dans les caniveaux, aux carrefours, en bordure de mer, sans bacs à bordures… Dans les marchés, comme à Matoto la plus grande commune, les détritus sont le lot quotidien des femmes. Elles achètent, vendent, se chamaillent, mangent et pataugent dedans tous les jours. Le tout dans une atmosphère quasi-irrespirable.

Avec 4 294 mm de pluie en moyenne par an, l’hivernage qui commence à s’installer est la saison de prédilection pour les mouches et moustiques qui prospèrent dans les flaques d’eau. Des rats, des chats, des souris, des chiens errants et des contingents entiers de grenouilles, orchestres, complètent la faune urbaine. Chaque année en saison de pluies, Conakry est frappée par des maladies diarrhéiques comme le choléra. La malaria elle, est devenue une pandémie banalisée à force de sévir !

Après une averse

Aucun plan d’assainissement, aucune politique de salubrité urbaine. Conakry est la seule capitale à ne pas en disposer. En toutes saisons, la ville est sale. Et l’on s’en fout. Du simple citoyen à l’élu local. La  ville garde – bizarrement – le statut de Gouvernorat, héritage colonial. Les Maires de commune et le Gouverneur initient ponctuellement des actions dérisoires et surtout pompeuses d’assainissement. La télévision nationale (RTG) est systématique mise à contribution à cet effet pour alimenter la propagande. Une pantalonnade dont les effets se diluent dans l’immensité de la saleté le lendemain même. Certains Gouverneurs, comme l’actuel – Sékou Resco Camara – ont parfois des idées très originales. Un week-end de septembre dernier, c’est lui qui a fait embarquer les déchets accumulés derrière le CHU de Donka (sur l’Autoroute) dans des taxis en circulation, chassant ainsi tous les passagers !

Face à l’incapacité des autorités à gérer la situation, de petites et moyennes entreprises (PME) privées tentent le coup du ramassage.  Beaucoup ne font pas long feu. Elles se cassent les dents sur les difficultés financières et finissent par mettre la clé sous le paillasson. Ce qui fait que ce n’est pas demain la vielle que Conakry retrouvera son image d’antan : Perle de l’Afrique occidentale.

 


Gorée : émouvant et triste souvenir !

La Maison des Esclaves avec, au fond, la porte du voyage sans retour

« Chaque heure dans cette maison ouvrait une tombe et faisait couler des larmes ».  Bureau du Conservateur de la Maison des Esclaves de l’Ile de Gorée, au Sénégal. Cette citation, punaisée au mur, est tracée sur une simple feuille de papier de la main du regretté Joseph N’DIAYE, Ancien Conservateur de la Maison. On ne se rend pas au Sénégal pour une première fois sans faire le détour à Gorée. Et l’on ne sort pas indemne d’une visite de Gorée, symbole de « l’une des pages les plus douloureuses de l’histoire de l’Humanité ». Je rentre d’un « pèlerinage » de ce lieu chargé de mémoire, ému aux larmes. Comme bien d’autres, de ma mémoire ne sortiront jamais ces images.

Les voiliers dans lesquels étaient entassés des hommes et des femmes, la Porte du voyage sans retour, les chaines,… Des images que j’avais toujours vues dans un manuel d’histoire ou à la télé. En foulant le sol de Gorée, j’ai pu mesurer l’étendue des dégâts. De la tragédie. Comme sur un écran, j’ai vu défiler en quelques minutes, quatre siècles d’Esclavage : Kunta Kinteh, Toussaint Louverture, mais aussi Victor Schœlcher. J’ai révisé et compris tous mes anciens cours d’Histoire-Géographie en palpant les murs de la Maison des Esclave. C’est par ici que commence la visite après la fixation du cadre.

Longue de 900 m sur 300 de large, l’île de Gorée est distante de seulement 4 km de Dakar. Avec une population d’un millier d’habitants environ, elle est l’une des communes d’arrondissement de la ville de Dakar. Le guide, rompu dans l’art de la narration, nous explique que le navigateur portugais Dinis DIAS, fut le premier Européen à arriver en 1444 sur l’île, alors appelée Bêer par les autochtones. Elle sera reconquise par les Hollandais en 1627, puis par les Français en 1667.

La Maison des Esclaves elle-même est un bâtiment à étage avec un double escalier en arc de cercle qui orne la façade (voir photo). Au centre, la fameuse Porte du Voyage sans retour. De chaque côté du minuscule couloir qui mène à cette porte, des  cellules exigües dans lesquelles étaient entassés les esclaves. Les murs sont épais et froids. A l’entrée d’une espèce de labyrinthe, c’est marqué « Cellule des récalcitrants ». Là, m’explique-t-on, étaient maintenus enchainés des jours durant les esclaves qui se révoltaient face aux conditions de vie inhumaines. Il me semble entendre, venu d’outre-tombe, l’écho de leurs hurlements lugubres à travers les murs sombres.

Cellule des récalcitrants

A l’étage supérieur sont conservés, intacts, des éléments qui témoignent de la barbarie. Des fers qui servaient à entraver pieds et mains, de lourdes chaines horriblement « noires », de longs et hideux fusils de traite. Sur une longue affiche, je lis : « […] Entassés dans l’entrepont, cale aménagée entre les deux ponts du navire, véritable boite à sardines dont la hauteur permet rarement la station débout (1 m à 1 m 80), les esclaves sont enchainés les uns contre les autres. Hors les moments de rassemblement sur le pont supérieur pour les exercices de dégourdissement et le lavage à l’eau de mer, ils sont enfermés et subissent la claustration, la puanteur, et les effets des maladies. La nourriture, à base de céréales et de haricot, est pauvre, insipide et monotone. Elle est uniquement destinée à assurer la survie des esclaves». Sur une autre : « […] Enchainé, à moitié nu, marqué au fer rouge, l’esclave devient un être anonyme, sans famille ni nom propre. Identifié par un numéro, il porte, tel un fardeau, les signes extérieurs de sa condition servile […] ». Asservissement, servitude, déshumanisation… Les mots ne sont pas assez forts pour décrire l’horreur qu’ont pu vivre ces hommes et femmes, victimes de la couleur de leur peau.

instruments de traite

Envahis par l’émotion, nous décidons de sortir de la Maison des Esclaves. Mes superbes accompagnatrices, Hadiatou et Sory Binta DIALLO me conduisent au Mémorial de Gorée, situé sur la crête de l’île. Dans l’allé pavée qui nous y mène sont exposées des toiles, des tableaux peints de figurines et de scènes retraçant la culture des habitants de Gorée et du Sénégal en général. Nous croisons des touristes, un tableau sous un bras, un appareil photo sous l’autre. Le Mémorial de Gorée du Castel, inauguré par l’ex Président Abdou Diouf le 31 décembre 1999, représente un voilier renversé. Il symbolise ainsi l’abolition de la traite négrière.

Les canons
Devant Le Mémorial

 

 

 

 

 

 

Plus loin, deux énormes canons rouillés pointent vers Dakar où le soleil se couche dans une mare de métal fondu. Il faut vite redescendre pour ne pas louper le départ de la chaloupe qui effectue la navette Dakar-Gorée. Nous finissons par nous embarquer à 19 heures. Une fois à bord, je jette un dernier regard sur l’île et me rappelle de cette autre affiche signée Joseph N’DIAYE: « Béni ! Soit ce lieu qui me renvoie si souvent à mes ancêtres martyrs».

L'île de Gorée


Espace Fm Foutah, un challenge réussi

Maison de la radio à Konkola (Labé)

Quand il parle d’elle, c’est toujours avec passion et amour. Pour elle, il a fait des renonciations, a plaqué d’autres. Il tenait à ce qu’elle soit à Labé, elle y est arrivée. Il l’a suivie.  Il passe désormais le clair de son temps à s’occuper d’elle, à l’entretenir, à la choyer, et surtout à la  « faire tourner ». Lui, c’est Oumar Barry et elle c’est, Espace FM Foutah. Un homme et une radio. Un duo, un binôme indissociable.

Un physique de marathonien et une voix de ténor : voilà Oumar Barry tout craché ! Le physique, il le tient sans doute de ses origines Peulh. La voix elle, il l’a longuement travaillée au gré de ses pérégrinations d’apprenti journaliste Reporter en Basse Guinée où il a grandi. Tour à tour journaliste sportif amateur, animateur radio à l’occasion, disc-jockey, Maitre de Cérémonie,… Oumar Barry – Oumby pour les intimes – ne manque aucune occasion pour s’essayer en public. La voix, qui trahit sa corpulence, plait. Verbe facile, verve fluide. L’effort a payé. A trente ans, il est devenu le Directeur Général de l’antenne Espace Fm Foutah. Une consécration pour ce jeune homme dont l’amour du micro est chevillé à l’âme depuis la tendre enfance.

Quand, il y a de cela sept mois, le Directeur Général de Espace FM Guinée (radio privée commerciale), Lamine Guirassy, lui a proposé de « s’occuper » de l’antenne Espace Fm Foutah, Oumar a tout plaqué pour rejoindre la ville de Labé. Pour réaliser son rêve et réussir le challenge. Le 27 septembre 2010, le rêve est devenu une réalité. Le signal de la radio a été lancé. Espace FM Foutah 99.7 était née. Hélas, dans la douleur ! Il se souvient : « cinq jours seulement après le lancement de la radio, tout le matos a été grillé par  un court-circuit : l’émetteur, les stabilisateurs, le PC,…tout.  Ce qui a paralysé son fonctionnement pendant près de deux semaines ». Retour à la case de départ donc. « La radio est revenue à zéro », se rappelle-t-il. Mais, cela n’a pas dissuadé l’équipe car « cette phase de test nous a permis de savoir que le signal était bon ». L’équipement sera renouvelé.

Oumar Barry

Implantée dans la Commune Urbaine de Labé, au quartier Konkola, dans un petit bâtiment jaune, Espace FM Foutah côtoie désormais les fréquences de la Radio Rurale ainsi que celles de RFI et BBC Afrique en Modulation de Fréquence. Le signal de la radio est capté jusqu’à 120 km à la ronde, grâce à un émetteur de 500 KW et le relief accidenté de Labé. Ce qui permet à des préfectures comme Mali, Koubia, Tougué ou encore Gaoual d’être couvertes.

Comme la radio mère basée à Conakry, Espace FM Foutah est tournée vers la jeunesse qui constitue l’essentiel de son audimat. La grille de programme se résume en quelques émissions en langue Pular produites localement et une synchro avec Conakry, pour le reste. Une bénédiction pour les jeunes de la région, repus du folklore de la Radio Rurale et des émissions jugées trop « adultes » des autres stations étrangères. Dans la cour de récré, les lycéennes – surtout – ont toujours les écouteurs de leur téléphone vissés à l’oreille pour  kiffer  la « playlist » concoctée par Oumby. C’est le cas de Diallo Mariam, 18 ans, élève au Lycée Général Lansana Conté de Labé qui dit « apprécier le caractère ludique des émissions » et « se reconnaitre »  dans la radio. Pour les organisateurs de spectacles, c’est un moyen idéal pour mobiliser par voie de communiqué.

C’est grâce aux communiqués et un modeste créneau publicitaire ouvert au public que la radio tire ses « maigres » ressources. « Dieu merci, nous arrivons à couvrir aujourd’hui 80% de nos dépenses  grâce aux communiqués, aux spots et tables-rondes que nous réalisons avec les acteurs sociaux», s’enorgueillit Oumar. Des dépenses presque entièrement dédiées à l’achat du carburant pour le groupe électrogène qui alimente la radio. L’énergie reste le principal enjeu, un vrai casse-tête.

Le personnel de la radio ? Il se réduit à un duo : Oumar et Idrissa Sampiring Diallo, un autre pionner de la presse privée au Foutah. Quelques stagiaires leur donnent un coup de main de temps en temps. De quoi avez-vous besoin en ce moment pour mieux faire fonctionner cette radio ? La réponse de Oumar est sans ambigüité : « l’énergie, l’énergie et l’énergie ». Puis, il songe à l’autonomie de sa Rédaction pour « mieux intégrer les questions locales ». Un autre challenge !

 


Un corrompu professionnel !

« Vous n’avez qu’une seule alternative : partir à la maison en démissionnant ou aller en prison en continuant de racketter » ! Cette sentence choc est de Yaya Jammeh, le Président gambien. Dans un laïus de près d’une heure tenu à la télé devant les membres de son cabinet et de l’ensemble des services  de sécurité, Jammeh a, ce jeudi 14 avril 2011, sévèrement tancé la police routière qu’il accuse de ternir l’image de son pays en rançonnant les usagers de la route. Un Président qui dénonce les agissements de ses propres services de sécurité ! Le Guinéen que je suis en est resté tout baba.

Mon étonnement passé, la déclaration a eu le mérite de me rappeler de cet épisode de corruption impliquant un incroyable officier de police guinéen. C’était le mercredi 31 mars 2011 à Kagbelin (préfecture de Dubréka), à plus de 1000 km de Banjul. Je revenais de mon voyage de Labé à bord d’un taxi « clando ». Notre chauffeur s’était garé au niveau de la station de Kagbelin pour déposer un passager. Soudain, deux agents de la police routière entourent la voiture. Leur uniforme, de couleur bleu à l’origine a, depuis longtemps, viré sur un ton hâlé sous l’effet des intempéries. L’un d’eux, un Commandant au col de la chemise crasseux, s’adressant au taximan, lance : «  bonjour, puis-je voir tes papiers ? » Le chauffeur fait une moue et sort ostensiblement un billet de 5000 francs guinéens (GNF) qu’il tend au commandant, en lieu et place des papiers :

– « Chef, prenez ça et laissez-nous partir », plaide-t-il.

-« Je ne prends pas cet argent ». Le taximan rajoute un billet de 1000 francs. -« Prenez ça, Yandi (s’il vous plait) et laissez-nous partir. On vient de loin ».   -« Tu es sourd ou quoi ? Je ne prends de l’argent, je le jure. Si je prends cet argent, appelle-moi chien ! Nous ne sommes pas vendables. tout ce que je te demande ce sont tes papiers : ton permis,  l’assurance et la carte grise du véhicule, c’est tout ».

Témoin oculaire de cet échange, j’ai dû me pincer pour me convaincre que je ne dormais pas, tant j’étais ébahi ! Un policier guinéen qui refuse 6 000 francs d’un taximan ! Je me suis dit alors : « voici l’exception à la règle. Ce sont des agents professionnels». Jai été rapidement réconforté dans cette position, d’abord par le niveau de français irréprochable du commandant, ensuite par la pertinence de ses observations.

Debout, raide dans ses bottes, l’œil rouge comme un coucher de soleil, el commandante refusait dédaigneusement les 6 000 francs que lui tendait le chauffeur. Malgré le plaidoyer appuyé des notables parmi les passagers.  Devant cette intransigeance,  le taximan se résigne à céder ses papiers. Dernier acte d’un chauffeur guinéen. Un baroud d’honneur ! Un conducteur guinéen ne donne pas facilement ses papiers à un policier. Il faut discuter, parlementer, se mettre en colère, prononcer des jurons, solliciter l’aide des passagers,…mais ne jamais donner ses papiers, puisque ça met l’agent de police en position de force et oblige à payer plus. Le commandant examine les dossiers pendant un court instant puis les refile à son second, un subalterne. Nous sentons que ça va se compliquer. Chacun des passagers y va alors de son « pardon chef, on est fatigués ; nous venons de Labé, c’est loin»…. Le policier reste de marbre.

Calmement, il se met à expliquer: « ce chauffeur est en parfaite irrégularité. Il roule dans une voiture immatriculée taxi – plaque  de couleur noire – alors qu’elle est peinte en blanc, au lieu de jaune. Il n’est pas assuré, à vos risques et périls. Il détient une attestation de non gage, en lieu et place de la carte grise. Enfin, son permis est un document trafiqué, un faux ». Avec de telles charges, le plus ignorant d’entre nous comprend que notre chauffeur est indéfendable. Les flics rangent les faux papiers et vont s’assoir plus loin sous un abri de fortune pour se protéger du soleil.

Jusque là passif, je les rejoins en compagnie du taximan pour en savoir davantage sur leur méthode de travail si professionnelle. Le commandant – je tais son nom – m’explique qu’il relève de la Brigade Mobile. Il farfouille dans un calepin décati et sort un permis de conduire portant un numéro complètement identique à  celui de notre chauffeur. « Vois-tu jeune homme, ce sont des documents scannés à des fins de trafic. Nous en saisissons quotidiennement. Votre chauffeur doit aller à la fourrière », me dit-il. Notre-fautif-chauffeur essayait bien évidemment de se défendre avec des piètres arguments : tantôt, il avait oublié son vrai permis à la maison, tantôt il a confondu la carte grise du véhicule avec le certificat de non gage, etc. Chacune des ses phrases le plongeait davantage.

Enthousiasmé par le professionnalisme de l’agent et comprenant que les carottes sont cuites de par sa détermination, je hasarde cette question. « Chef, y a-t-il un moyen pour nous permettre de rentrer à la maison ? Voyez que nous sommes fatigués par ce long voyage ». Petit silence. Puis il répond : « Oui, je peux laisser le chauffeur vous déposer à la gare routière et revenir. Pour ce faire je lui donnerai mon numéro de téléphone, en cas de contrôle devant ». Au moment où je m’apprête à le remercier, il fait volte-face!   « Non, allez plutôt vous voir et revenez me voir ». Tout de suite, j’ai eu du mal à saisir le sens de sa phrase, un nom de code. Contrairement au chauffeur et un des sages qui nous avait rejoints entre temps. Ils tournent le dos, se concertent brièvement et reviennent avec 15 000 GNF qu’ils tendent au commandant. Celui-ci compte l’argent et répond : « c’est trop peu ». J’étais perdu ! Le sage rajoute de sa poche un autre billet de 5 000 GNF. Le poulet empoche les 20 000 GNF et dit tout simplement à notre intention : « vous pouvez partir » ! Un « Putain de merde » involontaire s’échappe de ma bouche ! J’étais complètement désemparé par le rapide retournement de la situation.

Une heure de négociation et un chauffard en flagrant délit d’infraction, le commandant de police vend le tout à 20 000 GNF ! J’étais moins choqué par l’acte de corruption lui-même – c’est devenu monnaie courante – que par le temps qu’il a consacré pour l’accomplir. Et surtout son semblant d’honnêteté initial. Un policier hautement qualifié mais pourri jusqu’aux os !

Comparé à l’agent gambien, propre et ordonné, le policier guinéen est un pauvre hère crasseux qui vit de racket sur lequel on tape à chaque fois qu’il ose réclamer de meilleures conditions de vie et de travail (Cas de la CMIS notamment). C’est de là que nos chauffeurs  de taxi, perpétuels hors-la-loi, tirent leur indélicatesse. Entre les deux, sont coincés les passagers qui trinquent perpétuellement. Un cercle vicieux et infernal dont les autorités guinéennes s’en tapent royalement. C’est en cela que le discours du Président Jammeh me charme. Il siffle la récréation dans son pays, de la plus belle des manières.


Ma première traversée en bateau !

Vous pourriez penser : « mais il est devenu touriste ce blogueur ». Oui, depuis un certain temps je suis piqué par le virus de la bougeotte, transformant ainsi ce blog en carnet du bourlingueur. Pas de souci, je retournerai très bientôt au bercail. En attendant, je compte bien partager avec vous mes émotions, mes rencontres ainsi que mes découvertes, comme celle-ci.

Ainsi, après mon premier voyage en avion, voici ma première traversée en bateau. Ou plutôt en ferry, pour être plus précis. C’est à l’occasion de ma redécouverte de la Gambie, le pays de Yaya Jammeh. J’ai pris la route à partir de Dakar pour arriver au poste frontalier de Karang. Une chaleur étouffante. D’un côté la police routière sénégalaise, de l’autre celle de l’Immigration gambienne. Pour chacune d’elles j’ai dû casquer 1000 FCFA pour le visa. Vivement l’intégration ouest africaine ! Puis un rapide transfèrement à Barra, quelque 20 km plus loin.

Barra est un petit port gambien à partir duquel on peut joindre Banjul la capitale, en traversant l’embouchure du fleuve Gambie. Surplace, les voyageurs sont sur le qui-vive. Le ferry s’apprête à lever l’ancre. Il faut se hâter pour acheter le ticket d’embarquement qui coûte 10 Dalasis (200 FCFA), la monnaie gambienne. Mon ticket en poche, je perds le chemin pour quelques instants avant de me faire guider par un Francophone : « non, passe de l’autre côté, ici c’est pour ceux qui ont des bagages ». Merci Monsieur. « L’autre-côté » est un passage qui traverse le rez-de-chaussée d’un grand bâtiment aux allures de comptoir colonial. En pleine précipitation, un agent de l’Immigration ne trouve rien de mieux que de m’intercepter. En langue Ouolof il ordonne : « montrez-moi vos papiers ». J’aboule mon passeport visé. « Avez-vous la carte de vaccination ». J’opine de la tête. Il me laisse partir. Je redémarre sur le chapeau des roues. Dans le couloir qui mène au quai d’embarquement, s’engage un réel sprint. Le Niomy vient de donner son ultime klaxon pour le départ.

Pirogues
Pirogues

Je réussis à monter à bord in extremis. Sur le quai d’embarquement, je découvre une ambiance que j’ai toujours vue à la télé où sur une carte postale. Des piroguiers, torses nus, embarquent ou débarquent des marchandises de toutes sortes : des sacs de riz, du sucre, des cartons de biscuit, des poissons frais qui frétillent au soleil. Ici, une femme se fait aider pour monter dans une pirogue équipée de moteur pétaradant. De l’autre côté, un ponton armé d’une grue gigantesque pivote au-dessus des embarcations. Des vagues se fracassent sur les côtes sablonneuses générant un doux clapotis. Des pélicans au long bec voltigent, rasant l’eau à la recherche de poisson. Le bleu de l’eau donne envie de se baigner. Barra est plus proche d’un débarcadère qu’un véritable port.

Sur le bateau, dans une espèce de salle à hublots, des hommes visiblement fatigués somnolent sur des bancs en bois. Je préfère rester sur le pont du ferry pour mieux profiter de l’ambiance et du paysage. A l’étage supérieur, des touristes, casquettes et lunettes de soleil scrutent l’horizon tentant d’apercevoir, de l’autre côté de la rive, le port de Banjul noyé dans le brouillard. En contre-bas, « 1 ; 2 ; 3 »…, je compte une dizaine de véhicules transportant des passagers et diverses sortes de marchandises dont du foin pour le bétail. Deux camions chargés des vaches que des convoyeurs tentent vainement de discipliner. Tout autour, on bavarde, on rit. Un duo de jeunes hommes appuyés sur la rambarde rigolent avec vivacité, laissant découvrir des dents jaunes. « Ils doivent venir de Kaolack » me dis-je intérieurement. Les habitants de la ville de Kaolack, que je viens de traverser il y a à peine deux heures, auraient, selon ce que l’on m’a toujours raconté, les dents jaunes à cause de l’eau salée qu’ils boivent…

Dans le Niomy
Dans le Niomy

Je finis, à mon tour, par engager la conversation avec Lamine Sinyane, un maçon gambien de 30 ans. C’est un habitué de la traversée. « J’emprunte régulièrement le Kanilai ou le Niomy pour aller chercher du boulot au Sénégal », m’explique-t-il en anglais. « Ces deux bateaux aident beaucoup les populations ». Un pont serait mieux, pensais-je. J’apprendrai plus tard que la traversée de Barra est sujette à controverse entre les autorités sénégalaises et gambiennes. Les premières exigent la construction d’un pont, les secondes rechignent à grand renfort de souveraineté. Une autre pomme de discorde dans les relations sénégambiennes aux côtés du casse-tête casamançais. Tout un programme.

Port de Banjul
Port de Banjul

Au bout de 1H 30 minutes, nous accostons. Sur une arcade c’est marqué en caractères orange: « Welcome to Banjul ». Je débarque avec Lamine, main dans la main. C’est fou ce qu’on peut sympathiser entre jeunes si vite. Sur la terre ferme, je redécouvre l’ambiance classique d’une ville africaine : des hululements de vendeurs à la sauvette, des apprentis accrochés sur les portes arrières des « Van » (Minibus), un portrait de Yaya Jammeh scotché sur le pare-brise d’un véhicule. Je me suis pas égaré. J’attrape, enfin, un taxi qui appelait pour Serrekunda, ma destination. Encore une fois, « bonne » a été le voyage. A suivre…


Dakar-Conakry : 3 – 2

Centre ville de Dakar avec le MAE

Ce dimanche 10 avril, au septième jour de mon séjour à Dakar, j’ai mis le nez dehors pour humer l’air. La semaine qui s’achève, hyper chargée, a été dominée par la formation avec les Mondoblogueurs. Navette entre l’hôtel Thialy (Patte d’Oie) et le CESTI (Centre d’Etudes des Sciences et Technologies de l’Information). On a beaucoup ri, échangé, surfé, et surtout fixé des images. Clic par ci, shoot par là. Mettez un Smartphone entre les mains d’un blogueur et vous le transformez en  un paparazzi comme pas deux. Tout Dakar est sur Facebook via le Samsung Teos GT-I5800 !

Je suis sorti donc tâter le terrain, sentir l’air de Dakar. Faire les 100 pas, comme on dit à Conakry. C’est l’occasion de tester les restos, la rue et le transport urbain. Vous comprenez évidemment que Conakry est mon background, mon référentiel. Première impression: Dakar est dotée d’infrastructures. De belles autoroutes. Traitez Abdoulaye Wade de tout : « vilain garçon », « rusé », « monarque », etc., il a tout de  même retapé Dakar. L’autoroute à péage et la VDN donnent à la capitale sénégalaise une confortable fluidité de circulation. Loin des interminables bouchons de Conakry aux heures de pointe.

Ici, comme à Conakry, le transport urbain est une trilogie : les taxis (jaune-noir), les bus et les minibus. Les taxis sont personnels, donc relativement chers. Jusqu’à 3000 FCFA la nuit pour un déplacement. Quant aux bus, ils sont confortables et plus petits que nos « Kouyaté ». Pour les minibus, ou « Djaga N’diaye », c’est une version de nos bons vieux « Magbanas ou Alakabos » encore en sursis ici. Mais plus spacieux, plus colorés avec des portraits omniprésents des Sérignes (anciens érudits). Même ambiance qu’à Conakry avec l’apprenti qui tambourine la taule avec une pièce de CFA pour demander l’arrêt : « Mayko Fi ». L’équivalent de notre « A Sééré » !

Un détail de taille : ici, on ne se gène pas à monter dans un Djaga N’diaye. Il est facile de voir un gentleman, costard-cravate, grimper dans un Djaga N’diaye en étant vigilant aux pickpockets. Pareil pour les meufs. Comme ces trois gonzesses, hyper maquillées pour masque leur laideur, que j’ai croisées dans un de ces minibus pour la préparation de ce billet.

Taxi et Djaga N'diaye en arrière-plan
Magbana de Conakry

 

 

 

 

 

 

Le moins qu’on puisse dire aussi est que Dakar regorge de restos, fast-foods et pâtisseries. A chaque coin de rue, une enseigne colorée scintille : « Bienvenue chez UNTEL ». Souvent en compagnie des autres blogueurs, j’ai fait le tour de quelques uns : La cafétéria à l’Université Cheikh Anta Diop, Le Patio (Almadies), Le Relais Sportif (sur la corniche), l’Endroit (Sacré cœur), etc. Première remarque, la spécialité sénégalaise à base de riz appelée « Thiep » est omniprésente. Elle se décline en Thiep Bou Yap (viande), Thiep Dien (poisson), etc. Deuxième remarque, aller au resto au Sénégal est un non évènement ; contrairement à Conakry. Combien de fois, j’ai vu des gens chez moi – surtout les nanas – se mettre sur leur trente-et-un pour partir au resto en frimant, et en faire tout un plat après ? T’as l’impression d’assister à un départ de pèlerinage.

Au Patio, j’ai fait mon initiation au billard. Equilibrer la queue, cogner la boule blanche et mettre une « rouge » ou « jaune » dans le trou. Merci à Simon Decreuze et Christelle Bittener pour le coaching et surtout pour ce langage très…billard. Je ne risque pas d’oublier. On a même, Christelle – encore elle – et moi, étriqué l’équipe de Simon et le Geek du Sud. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître.  Enfin, quoique un peu cher, le service dans les restos de Dakar est impec’ : chiottes clean, plats copieux, serveurs diligents et polis. Mais l’eau du robinet est imbuvable pour le guinéen. Trop salée !

Au resto

La rue dakaroise est bourrée de bambins qui font la manche. Ce sont les « Talibés » ou « Bàttus ». Munis de boites de conserve vides,  ils écument la ville à la recherche de quelques pièces de Francs CFA pour échapper au courroux de leur gourou de Maître coranique. « Guiryaalla » (A cause de Dieu) ! Avec cette rengaine, ils vous harcèlent dans quasiment tous les lieux publics. Une vraie plaie pour Dakar et la société sénégalaise en général. Enfin, je ne le dirai pas mieux que Aminata Sow Fall dans son œuvre « La Grève des Bàttu ». Bien qu’il y ait des mendiants à Conakry, comparée à Dakar y a pas photo !

Il n’y a pas photo non plus pour la beauté de nos femmes respectives. Depuis que je suis là, j’ai l’impression que les belles dakaroises sont toutes casanières. Ne le prenez pas mal, chers amis sénégalais, mais quand on vient de Conakry ou de Labé, on se demande vraiment comment vous parvenez à trouver une miss ! Etant donné que le débat sur la beauté est loin d’être tranché, je me garde bien de m’y aventurer  plus que ça ! Car ça, c’est une autre histoire.

 

 


Christelle Bittner, passerelle entre le Pérou et la France

Enamorate!

Enamorate ! (Tombe amoureux !). C’est sous ce pseudo que je la connaissais avant cette rencontre de Dakar avec RFI Mondoblog.  Avant, j’adorais me balader sur son blog, Un autre Pérou, à mes moments libres. Son style direct et percutant m’a depuis longtemps charmé. A la faveur de cette initiative de portraits croisés, je découvre Christelle Bittner, une blonde française de 31 ans. Bronzée, l’œil pétillant et charmeur, les cheveux dans le vent. Bon chic. La France a épousé le Pérou, me dis-je.

Globe-trotter et écriture. Voilà deux mots qui pourraient résumer Christelle dont le grand-père, Bittner, est originaire de l’Allemagne. Née à Lille au Nord de la France dans une petite famille, elle a longtemps bourlingué avant de poser son sac à dos en Amérique Latine. Au Pérou plus précisément. Depuis, sa passion de l’écriture a rencontré son amour de l’exotisme. Le résultat est d’abord une ONG, Semillas De Amor (Graines d’amour), puis un blog à travers lequel elle pose son regard de « gringa » (blanche) sur le Pays des Enamoradores.

Au commencement, il y avait « cette envie de partir, de rêver et de me retrouver. Comme pour la plupart des Français de ma génération en quête d’authenticité », précise-t-elle. A vingt ans, elle quitte son nord natal pour deux ans d’études en Sciences Politiques à l’Université de Lyon, au centre du pays. Puis elle obtient un diplôme en journalisme à l’Institut Français de Presse (IFP) à Paris. Elle décroche par la suite un poste au magazine Cosmopolitan où elle s’emploie, cinq ans durant, à décrypter les relations dans les couples entre autres. Même si, paradoxalement, elle n’a pas réussi à pérenniser la sienne avec la patronne du journal, « elle me cassait les pieds », se souvient-elle.

 

Portraits croisés

C’est son amour du Pérou qui l’a rendue Mondoblogueuse. Comme par hasard. « C’est en cherchant le contact de l’émission  C’est pas du vent sur RFI que j’ai pris connaissance du projet Mondoblog. Je me suis tout de suite lancée ». Qu’est-ce que ça te rapporte ? « J’aime l’idée de communauté et les échanges », répond-elle.

« Tu travailles chez toi en Guinée » ? Cette fois c’est elle qui me pose la question. « Je travaillotte », lui dis-je. Elle acquiesce et me raconte lors de notre entretien sa passion pour l’écriture. « Je suis tout le temps avec un carnet à noter de tout et de rien ». En as-tu fait un livre ? C’est non. Je me rends compte alors que nous avons des points communs : l’écriture inachevée et le travail non rémunéré, surtout.

Mais aussi des points divergents. Elle, un peu décalée de la « génération-facebook », les nouvelles technologies – que j’affectionne. Elle en est « allergique », même si c’est un « lien avec les  proches et les amis », concède-t-elle. Le mariage ? « Je n’ai pas envie de faire d’enfant sans me marier… enfin, ce n’est pas une préoccupation pour l’instant ». Comment se définit-elle depuis son contact avec le Pérou ? « Je ne suis ni péruvienne, ni française ; juste une passerelle entre les deux».