Mamadou Alimou SOW

Violence contre les enfants, une spirale meurtrière

Crédit photo: https://www.droitsenfant.org

Les échos de la célébration, le 20 novembre, de la Journée Internationale des droits de l’enfant ne sont certainement pas tombés dans les oreilles de cette femme-là. Ce genre d’évènement ne fait pas partie de son univers glauque. Les droits de l’enfant, en tout cas, de cette enfant-là, elle n’en a rien à foutre. Je suis encore sous le choc.

Un weekend, au petit matin, dans un quartier de la banlieue de Conakry, une femme enragée s’acharnait sur une petite fille qu’elle battait avec une rare violence. L’une après l’autre, elle écrasait des tiges de bois qui laissaient d’hideuses traces sur le corps frêle de la petite fille. La violence des coups résonnait plus que les pleurs étouffés de la fillette qui tentait de se protéger en croisant les bras sur la tête. Imperturbable, la femme continuait à lui asséner des coups sans discernement. Il a fallu notre intervention énergique, mes amis et moi qui étions de passage, pour délivrer la victime. Juste un répit, à en juger par la détermination du bourreau. La mégère obligeait la fillette, âgée d’une dizaine d’années, à laver une pile de linge sale presque de sa taille !

Une scène comme une autre. Ordinaire. Banale. Presque normale. Une simple «correction», comme on dit ici. On s’en accommode. Que dis-je, on s’en fout !

Deux semaines plus tôt, j’enrageais dans un taxi aux côtés d’une dame qui n’arrêtait pas de blâmer et d’insulter haut et fort une toute petite fille, sous prétexte que celle-ci la piétinait et ne savait pas se bien conduire en public ! A peine je descendais du taxi pour entrer dans un salon de coiffure, j’entendais un homme se plaindre que le maître coranique de sa petite fille de huit ans a  fracassé la planchette d’écriture sur la tête de celle-ci. La veille, une radio privée se faisait l’écho d’une horrible scène à Labé où une femme a ébouillanté à l’huile une jeune fille qu’elle élevait !

Dieu merci, je ne suis pas  cardiaque. Sinon mon cœur n’aurait pas pu résister à toutes ces horribles scènes de maltraitance d’enfants dont j’ai été souvent témoin oculaire, à mon corps défendant. Les exemples sont innombrables et choquants, les uns que les autres.  Et l’on en vient à ce terrible constat : en Guinée, la violence contre les enfants est multiforme et omniprésente.

Une femme (cela peut aussi être un homme) en charge d’un (e) enfant (e) dont elle n’est pas la mère se transforme en bourreau pour lui faire subir les pires sévices et humiliations. En général, ça se passe dans la même famille. Famille africaine, j’entends. Une femme stérile sollicite de sa sœur ou de son frère l’adoption de l’une de ses filles. Devant ses parents biologiques, la future tutrice promet qu’elle prendra «Aïcha», son homonyme de surcroit, comme sa propre fille. Petits cadeaux et paroles mielleuses jusqu’à ce qu’elle tourne le dos. La petite fille, une fois arrivée dans son antre, se retrouve dans l’enfer.

Déscolarisée, elle devient la bonne qui se tape toutes les corvées : vaisselle, marché, cuisine, tout le linge sale de la famille, les commissions, etc. Aïcha devient la «voleuse», la «menteuse du quartier», une «sorcière», une «pestiférée». Gare à elle de toucher à un cheveu d’un enfant de sa tutrice si celle-ci en possède. C’est le punching-ball de toute la maisonnée : bastonnée, humiliée, elle est soumise parfois à des privations de nourriture. Un scénario souvent maladroitement porté à l’écran à travers des vidéos amateurs (Péssé). On s’en émeut le temps du film, et le cauchemar reprend son cours normal dans la vraie vie.

A la maison comme dans la rue, c’est pareil. Un chauffard qui manque d’écraser un enfant, il descend de son véhicule et lui administre une paire de gifles en guise de «correction». Un enfant qui ne comprend pas une opération de calcul, c’est un cancre sur la tête duquel on brise règles et compas. Victimes de violence de tout genre mais aussi astreints à des travaux forcés.

En zone rurale, jusque dans un passé très récent,  les enfants passaient parfois autant de temps en classe que dans les champs du maitre ou de ses clients. Ils sont laboureurs, dockers, manutentionnaires, puisatiers, etc. Et l’on s’étonne que leur niveau scolaire soit catastrophique; pour ceux qui ont la chance d’être à l’école.

Cette culture de la violence à l’égard des enfants a pris racine dans le terreau de la mauvaise éducation, d’abord, du laxisme des autorités et de l’impunité, ensuite. On prétend éduquer dans la violence. Le résultat est là, terrifiant. Les coutumes et mœurs se dégradent, la morale et la courtoisie sont des notions abstraites. La violence s’est emparée de toute la société. Dans les villes, notamment à Conakry la capitale, délinquance et grand banditisme ont atteint un niveau hallucinant. Au grand dam de l’Etat, pourtant signataire de nombreux traités et  conventions internationales de défense des droits de l’enfant. Les organismes de protection de l’enfance (Unicef, Save The Children, etc.) sont réduits à dresser des rapports et à lancer des alertes qui se brisent sur les flancs de l’indifférence.

Alors les enfants maltraités et traumatisés, devenant des bandits de grand chemin, prennent leur revanche. Ils ont troqué le pistolet en jouet plastique qu’on leur offrait en guise de cadeau, contre des kalachnikovs en vrai. Maintenant, ils rendent les coups qui pleuvaient sur eux jadis. Cette fois, avec du plomb.  


Guinée, les recettes de la malbouffe

Pizza ! Peu de meufs de Conakry savent où se trouve la ville de Rome, mais à l’évocation de ce mot de cinq lettres, le carte de l’Italie se dessine instantanément dans leurs yeux qui pétillent de gourmandise. Elles pensent «Resto».

Dans la capitale guinéenne, les hobbies respectent le genre : les garçons se ruinent (y  compris le moral) dans les jeux de hasard et les championnats de foot européen, tandis que les filles se gavent de soap-opéras, de chawarmas et de pizzas !

«Au resto, tu l’amèneras». C’est quasiment un commandement à Conakry. Un jour ou un autre, pour concrétiser ou affermir une relation amoureuse, le passage par la case resto est obligatoire. Pour le meilleur et pour …la pizza !

Il y a quelques mois, je décidai, un soir, de revêtir les habits de la galanterie masculine pour offrir un copieux dîner à une princesse dans un resto propre d’un chic quartier de la banlieue. Elle voulait – naturellement – de pizza, moi de maquereau braisé. Bien que la cuisine ait toujours été une horreur pour moi, je lui sortis une leçon culinaire digne d’un cordon bleu. Je réussis à convaincre ma belle – c’était une personne fort sympathique – d’apprécier le goût exquis d’un maquereau braisé et assaisonné, pêché dans les eaux poissonneuses de notre Guinée natale. Mal m’en a pris !

On s’installa. Au bout de 30 longues minutes d’attente, le serveur déposa à notre table une forme noire faiblement éclairée par le halo d’une lampe chinoise. En ôtant le couvercle, je faillis gerber à l’odeur pestilentielle du poisson pourri. Stocké dans un frigo boudé par le courant rebelle d’Electricité de Guinée, le maquereau était sans doute dans un état de putréfaction avancé avant de monter sur le gril du restaurateur véreux.  Je voulus créer un scandale, mais me ravisa devant le regard attendri de la biche. Je payai 50.000 francs et quittai le maudit resto avec la décision de ne plus jamais y remettre pied.

Les explications mielleuses de ma compagne ne réussirent pas à me convaincre d’aller manger une pizza ailleurs. Elle ignorait que j’en avais également une très mauvaise expérience.

Quelques années plus tôt, obnubilé par l’enseigne d’un resto de province qui annonçait «PIZZA AU FEU DE BOIS», j’avais décidé de goûter, la première fois, à cette spécialité italienne. La nuit suivante je me rendis compte que j’avais pris un puissant laxatif !

De ces mésaventures, j’en ai tiré une leçon : le Guinéen ne sait pas bien manger !

Voici quelqu’un qui, gâté par la nature (en plus du scandale géologique), a décidé d’être un oisif et de vivre le supplice de Tantale sur sa propre terre.  Il mange avec un lance-pierre, tandis que les tubercules, les arachides, les agrumes, le fonio et le riz produits dans son paradis perdu sont vendus et consommés ailleurs. Il est rare de voir un compatriote prendre un dessert après le repas. Un repas sommaire et souvent insipide : du riz blanc importé d’Asie accompagné d’une sauce survoltée de l’huile rouge et de piment.

Le riz n’est pas simplement le principal aliment de base des Guinéens, on vit quasiment sous sa dictature. Il nous envahit, on en mange matin, midi et soir. Omniprésent, roi des gargotes malfamées du pays, le riz est considéré comme LE repas. Pour nous, manger c’est avant tout manger du riz. Il est souvent pathétique de voir les Guinéens fondre sur les plats de riz lors des séminaires et rencontres organisés à l’étranger. Il est si prisé qu’il devient régulièrement un enjeu politique et électoral. Du riz contre des voix, on en connait.

L’alternative à cette monotonie gastronomique c’est l’Attiéké ivoirien, ou du moins ce qui en ressemble. A la nuit tombée dans les quartiers de Conakry, au moment où l’on se demande avec quoi dîner, des femmes installées entre deux feuilles de tôle rouillée servent une espèce de poudre de manioc à peine chauffée que l’on dilate avec trois cuillérées d’huile d’arachide et une tête de poisson frit comme accompagnement. Une vraie bombe à retardement sanitaire.

A l’image de la ville de Conakry (vous avez dit une poubelle à ciel ouvert ?), le manque d’hygiène est horripilant. Au marché, en bordure de route, dans les gargotes, les aliments sont vendus et consommés dans la saleté, au milieu d’un essaim de mouches et autres coléoptères. Dans l’indifférence totale des autorités. La Guinée est le seul pays à ne pas avoir une politique de panification. Les boulangers, qui n’en ont cure de l’hygiène, fabriquent et vendent le Tappalapa (principal type de pain) dans des conditions qu’il vaut mieux ne pas connaitre. Au sortir du four, un Tappalapa est souvent un sandwich insoupçonné : ouvrez pour voir son contenu.

De cette alimentation infecte, nos parents vivant au village étaient jusque là épargnés, consommant ce qu’ils produisaient de leurs propres mains de façon biologique. L’exode rural et la montée de la pauvreté ont  inversé cette tendance. Les fils s’estimant plus aisés, les fourguent régulièrement de ce riz blanc et de la  mayonnaise frelatée dont une bouteille ouverte peut durer jusqu’à deux mois par souci d’économie.

Les conséquences de cette malbouffe nationale se mesurent à l’hôpital. Hypertension, constipation, colopathie et hémorroïdes font des ravages. Mais comme toujours chez nous, on trouve les raisons de ces maladies ailleurs.

C’est aussi « d’ailleurs » que nous viennent la pizza et le chawarma que les filles de Conakry, en mal de repères alimentaires, s’emploient à exalter. Bon appétit mesdemoiselles.


A Conakry, le mépris de la vie !

crédit photo: paperblog.frLa fraicheur de la brise matinale qui balaie ce quartier de la haute banlieue de Conakry est loin d’apaiser leurs cœurs meurtris. Assis en tailleur sur des nattes tressées, le visage grave, les amis d’enfance d’Alhassanne Bah lui rendent un dernier hommage. Un charognard attiré par le fumet du sang voltige dans le ciel gris de Conakry. Un taureau a mordu la poussière.

Alhassane Bah, alias Bôbo, est tombé sous les balles des tueurs il y a un peu plus d’un mois. Par une fin de soirée incandescente, au moment où l’obscurité jette son voile sur les quartiers de la capitale, ce jeune militaire de 22 ans rentrait  chez lui après avoir perçu son solde. C’est presque au pas de sa porte qu’il tomba, foudroyé par une balle qui lui transperça les hanches. Une autre lui déchiqueta la cheville gauche. Il décéda sur-le-champ.

Plusieurs versions avaient circulé par la suite, attribuant sa mort tantôt à des bandits qui avaient attaqué une concession voisine de la sienne, tantôt à des gendarmes venus à la rescousse et qui l’auraient confondu à un des malfaiteurs… Saura-t-on jamais la vérité ?

Toujours est-il que Bôbo s’en est allé à jamais à la fleur de l’âge; privant ses parents et amis de sa gentillesse et de son sourire éclatant qu’il gratifiait tout le monde avec une infinie générosité. C’est en souvenir de tout cela que ses potes du «Carré» ont mis la main à la poche pour tuer un taureau, lire le Coran afin  d’implorer le Tout Puissant Allah pour qu’Il accueille l’âme d’Alhassane Bah dans son paradis.

Un hommage loin d’être anecdotique à Conakry, une capitale devenue un Far West où la vie ne vaut rien. Des gangs lourdement armés, souvent en tenue militaire, terrorisent les habitants de la cité semant la mort à tour de bras : attaques à main armée, cambriolage, vol à l’arrachée, assassinat ciblé, règlement de comptes, etc.  Il ne se passe pas une seule nuit sans qu’une personne ne périsse à Conakry par le fait d’une attaque à main armée.

Et maintenant personne n’y échappe, gouvernés comme gouvernants.

Vendredi 9 novembre dernier, c’est la Directrice nationale du Trésor public, Madame Aïssatou Boiro, 58 ans, qui a été froidement abattue à Kipé. Quelques jours plus tôt,  c’est le vigile d’un important officier de police qui a été tué à quelques mètres d’un poste de gendarmerie. Pour les anonymes, comme ce jeune homme qui croupit dans une cabine crasseuse à l’hôpital de Donka après avoir reçu une balle dans le ventre alors qu’il dormait tranquillement chez lui, on ne compte plus.

Les domiciles privés transformés en forteresse (en vain) et les pharmacies étaient les cibles privilégiées des gangsters. A présent s’y ajoutent les voitures de luxe. Comme dans un film hollywoodien, on vous barre la route en pleine circulation, parfois en pleine journée, on vous met une arme sur la tempe et vous intime l’ordre de remettre les clés de votre véhicule. Ça, c’est quand vous avez de la chance, sinon l’opération se règle par une rafale de balles. Un jeune homme en a fait les frais il y a quelques semaines du côté de Nongo (Ratoma).

Gagnée par une vague de violences sans précédent, Conakry (la Guinée en général) fait les frais du phénomène de consumérisme à l’occidental abâtardi ici. Les nouveaux gadgets high tech, les voitures de luxe et les meubles hors de prix – de la chinoiserie – inondent la capitale, suscitant des appétits incompressibles. Ajoutez-y manque d’éducation, chômage et précarité pour comprendre pourquoi la kalachnikov est devenue une voie de garage pour accéder à ce «luxe» et au bien être.

Mais ce qui fait froid dans le dos, c’est surtout le niveau atteint dans la banalisation de la vie humaine en Guinée. Se faire tuer est aussi anodin qu’avaler un cachet de paracétamol! Pour une simple dispute au sujet d’une petite amie, on s’entretue sans autre forme de procès. Sans suite, sinon l’oubli. Aucune enquête ne sera ouverte.

Les bandits et les forces de l’ordre ont, semble-t-il, réussi à inculquer la culture de la violence à la société, avec la bénédiction d’une justice à deux  vitesses ayant pour vertu l’impunité érigée en système de gouvernance. Les délinquants meurtriers peuvent s’échapper «miraculeusement» da la maison d’arrêt de Conakry, mais pas les militants politiques arrêtés au cours d’une marche pacifique de l’opposition.

Les philosophes définissent l’anomie comme étant l’état de désorganisation, de destruction d’une société, dû à la disparition partielle ou totale des normes et des valeurs communes à ses membres.  Je crains que la société guinéenne ne soit en passe d’atteindre cet état ! Je touche du bois.


Guinéens de l’étranger, les oubliés de la République

Credit photo: afriscoop.net

Le dernier incident en date me conforte dans ma conviction : les Guinéens de l’étranger ne sauraient compter sur leur pays d’origine pour leur défense.

Le 14 octobre dernier, cinq travailleurs humanitaires de l’ONG Bien-être de la femme et de l’enfant au Niger (Befen) se faisaient enlever dans le sud-est du Niger par des éléments du Mujao. Une information visiblement non vérifiée avait circulé faisant état d’un ressortissant guinéen parmi les otages sans que l’on ne sache avec précision son identité. Et selon toute vraisemblance, il s’agirait d’un ressortissant étranger détenteur d’un passeport guinéen…

Toujours est-il que le samedi 3 novembre passé, les ravisseurs ont libéré les rescapés du rapt deux semaines après leur enlèvement. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, également co-président de la République de Guinée (souvenez-vous), s’est empressé d’accueillir ses compatriotes dans sa résidence pour leur remonter le moral. Le Tchad, lui, a porté plainte pour le décès de son ressortissant, tué au cours du raid de la prise d’otage.

Vrai Guinéen ou pas, tout cela s’est déroulé sans que les autorités de notre pays ne lèvent le plus petit doigt. Aucun communiqué officiel, aucune compassion, aucune condamnation. Nada. Silence radio. Encore une fois, on était  occupé à s’écharper pour le contrôle de ce machin qu’on appelle la CENI et à encenser notre président affublé d’un nouveau titre d’Elhadj pour avoir effectué son Hadj à la Mecque, au moment même où une quinzaine de nos compatriotes étaient arrêtés en Arabie  Saoudite pour détention de stupéfiants !

Plus tragique, le 27 septembre  passé, Mohamed Bah, un Guinéen de 28 ans présenté comme un déséquilibré mental, a été abattu de 12 balles dans le corps par des policiers newyorkais. Dans l’indifférence totale. En désespoir de cause, la famille de la victime a organisé une conférence de presse à Conakry pour réclamer justice et demander l’implication de l’Etat guinéen. En vain.

Comme en février 1999 avec l’assassinat à New York d’Amadou Diallo, comme en 2011 dans l’Affaire DSK-Nafissatou Diallo et dans de nombreux autres cas, l’Etat guinéen reste étrangement sourd et muet devant la détresse de ses fils et filles vivant à l’étranger. Dans l’affaire DSK, le premier magistrat du pays s’était d’ailleurs montré plus « touché » pour le ternissement de l’image de marque de son pote socialiste, Dominique, que de sa compatriote Nafissatou, une femme de chambre effacée ! C’était une affaire de célébrité et de famille politique.

Ça peut être aussi une affaire de Grands. Le 2 avril dernier, lors de l’investiture du président sénégalais, Macky Sall, un groupe d’étudiants guinéens vivant au Sénégal a été éconduit sans ménagement. Ils s’étaient longuement préparés pour accueillir leur président Alpha Condé et lui poser leurs doléances d’étudiants paumés. Le Professeur-président a tout simplement esquivé, ignorant les jeunes intellos comme des malpropres. Ils étaient trop petits dans cette affaire de Grands.

Que ce soit en provenance d’Europe, d’Amérique ou d’Angola, c’est par dizaines que les ressortissants guinéens sont régulièrement charterisés à destination de Conakry. Dans l’indifférence totale des autorités de leur pays censées assurer leur protection, conformément à la Constitution. Un mutisme honteux et inacceptable.

«Honteux», c’est le qualificatif qui convient également pour décrire le spectacle auquel les autorités guinéennes viennent de livrer notre pays dans sa relation de coopération avec la République voisine du Mali, souvent présenté comme le second poumon aux côtés de la Guinée dans un même corps. Dans la nuit du jeudi 11 octobre, la Gendarmerie guinéenne a cueilli 26 Maliens, dont certains vivaient paisiblement ici depuis plus de 20 ans, pour les expulser dans leur pays d’origine sans avertir le Consulat du Mali. Les expulsés étaient accusés de mener des actions subversives.  «Faux» rétorque Bamako qui a piqué une colère noire et dépêché à Conakry sa ministre chargée des Maliens de l’extérieur, Madame Traoré Rokiatou Guikiné. Nous avons compris la leçon: le Mali est un pays en Guerre, mais un pays «normal».

Pourtant, nous aussi avons un ministère des Guinéens de l’étranger. Un ministère obtenu aux forceps par le Syndicat et la Société civile après l’insurrection de janvier-février 2007. Ne me demandez surtout pas quel est son rôle ; cette question s’adresse à sa patronne, Madame Kaba Rougui Barry.

Le Guinéen de l’étranger est, en effet, un étrange étranger qui s’est exilé parfois pour raison politique, souvent pour raison économique, et qui se retrouve coincé à aimer son pays par procuration. C’est quelqu’un qui peut se ruiner pour capter les images de la RTG (la télévision nationale) ou pour soutenir l’équipe de football, le Syli (d’éternels losers). Il investit Facebook et les sites web guinéens comme un forcené, écoute de la musique traditionnelle de son pays, aimerait participer à chaque scrutin, soutient une famille nombreuse et rêve d’une Guinée unie et prospère où il fait bon vivre.

Mais, c’est surtout quelqu’un qui sait au fond de lui-même qu’en cas de pépin, il ne peut rien s’attendre de sa très chère Guinée.



Ces Guinéens kamikazes de l’immigration clandestine

Credit photo El Pais

Le fait-divers, rapporté ce 24  septembre par le quotidien espagnol El Pais, avait peu de chance de trouver un écho en Guinée. Pas forcément parce qu’il s’est déroulé à plus de 5.000 km de Conakry, non. Mais, englués depuis près de deux ans dans une crise politico-sociale des plus imbéciles, les Guinéens de Guinée ont visiblement d’autres chats à fouetter.

Pourtant, l’étonnant fait-divers dont il s’agit les concerne tous et est révélateur de l’état de paupérisation de leur pays; une paupérisation dont ils sont particulièrement heureux de faire officiellement partie à travers la fameuse initiative PPTE ! Honni soit qui mal y pense…

Mais de quoi s’agit-il ?

D’un Guinéen qui ne manque pas d’idées pour immigrer en Europe. Sauf que la trouvaille de ce jeune homme est complètement déjantée ! Ce 24 septembre, la Garde Civile espagnole a arrêté un Guinéen de 20 ans qui s’était transformé en siège de voiture pour rejoindre l’enclave espagnole de Melilla! Rien que ça. Cela s’est passé dans la petite ville marocaine de Beni Ansar voisine de Melilla, une enclave espagnole de 12,3 km2  revendiquée par le Maroc et qui est entourée d’une barrière métallique de 6 m de haut pour décourager tout aspirant immigré.

Le jeune en question, dont on connait peu de choses manifestement, a vidé le rembourrement du siège avant (notre place escroc en fait) d’une voiture pour y prendre place, avant d’être recouvert de chiffons et différentes sortes de paquets (Voir photo). Ce qui n’a pas déjoué la vigilance des agents de contrôle au poste frontalier qui ont débusqué le jeune homme dont la tête était enfouie dans l’oreiller du siège. Lui et ses deux complices marocains ont été mis aux arrêts.

C’est que les Guinéens sont devenus imbattables dans le montage de plans ultra sophistiqués pour quitter notre scandaleux Château d’eau pour « l’extérieur », comme on dit ici. Notamment l’Occident (USA, Europe, Canada) et, de plus en plus, l’Angola.

Il y a 13 ans, le 2 aout 1999, les corps de Yaguine Koïta et de Fodé Tounkara furent découverts à l’aéroport de Bruxelles dans le train d’atterrissage du vol 520 Sabena Airlines en provenance de Conakry. Les jeunes élèves avaient emporté dans des sacs plastiques leurs actes de naissance, des photos et une lettre truffée de fautes de français dans laquelle ils imploraient  la « solidarité et la gentillesse des responsables d’Europe », pour venir « au secours en Afrique ». Cette lettre, largement médiatisée, avait suscité un vif émoi.

Par la suite, un film (un matin bonne heure), plusieurs Cercles Yaguine et Fodé, une Fondation en leur nom et des chansons dédicacées étaient nés. Puis, plus rien. Silence radio. Sauf celui très éloquent de la misère qui enserre les jeunes guinéens dont la plupart sont devenus politiquement serviables et corvéables à volonté, faute de mieux. Le système éducatif auquel ils sont soumis reste poussif, le chômage et la précarité dictent leurs lois. L’issue reste l’espoir que « ça va change un jour ». En attendant, on noie les soucis dans le championnat de foot européen,  les jeux de hasard (Guinée Games et Kanda en tête) ou, plus dramatique, on se jette dans l’aventure à corps perdu. En tentant parfois de rééditer les tragiques exploits.

Le mardi 28 aout 2012 à 20 heures, un autre jeune homme de 20 ans, Fodé Soumah, a voulu imiter Yaguine et son homonyme Fodé. Il a été repéré in extremis à l’aéroport de Gbessia sur le train d’atterrissage d’un vol d’Air France sur lequel il avait réussi à se hisser en longeant un égout de 800 mètres pour rejoindre le tarmac de l’aéroport. Interrogé, Fodé Soumah avait dit vouloir continuer ses études de  médecine en France. Ne cherchez pas, cette info aussi était passée inaperçue, notre vaillante presse étant occupée à se repaitre des restes nauséabonds de la politique politicienne.

Ces dix dernières années, c’est le scintillement des diamants angolais et les dollars issus de la vente des matériels électroménagers dans ce pays pétrolier de 18 millions d’habitants, vaste comme cinq fois la Guinée, qui attirent les immigrés guinéens. Ceux-ci n’hésitent pas à se taper une odyssée de deux ans dépensant jusqu’à 7.000 dollars US, parfois pour être immédiatement charterisés sur Conakry après un  séjour « diététique » à la prison de haute sécurité de Tirinta près de Luanda.

Pourtant, ça va changer nous sérine-t-on depuis de longues années. Pourtant, chaque matin, entre 7H et 8h du matin, en écoutant l’émission La Grogne (Soleil FM), devenue baromètre des convulsions sociales du pays, je me dis que le changement n’est pas pour demain. Du moins dans les mentalités. Espérons que le machin PPTE me démentira.


La drague au village, version Mademoiselle F.

Crédit image: jedessine.com

En novembre 2011, Fanny Roux, journaliste à Youphil, avait vu juste en titrant mon portrait : «Alimou Sow, de la brousse à la toile». C’est vrai, je suis un enfant du village. Un vrai.

1989. Année de batifolage. Je devais avoir 9 ans et je ne connaissais encore que dalle de l’école des Blancs. Puisque c’est un an plus tard, en 1990, que je fus inscrit pour la première fois en classe de première année CP1, version Le Grand Meaulnes quoi ! A l’époque, dans cette partie de la Guinée où je vivais– une constellation de petits villages perchés sur un plateau fouetté par le vent ­– les gosses de mon âge passaient la maternelle à surveiller des troupeaux de chèvres rachitiques et casse-couilles qui nous faisaient chier à plein temps, ne voulant pas brouter autre chose que les feuilles des champs d’arachide mal protégés et dont le propriétaire était capable de piquer une crise d’apoplexie pour une simple feuille mangée !

C’était également l’époque où j’aimais le foot. L’authentique football, je veux dire. Celui qui vous procure une sensation d’accomplissement de soi et de montée d’adrénaline au-delà de la joie du simple fait de marquer un but. J’explique.

Avant chaque match, fallait fabriquer le ballon rond (je dois avouer qu’il était plus souvent de forme ovale dans notre cas). Pour cela, on prenait d’assaut la …brousse armés de couteaux et de coupe-coupe. A la recherche d’une espèce de liane à la sève collante. Du latex. Le pouce d’un d’entre nous était enduit de cette sève qu’on décollait délicatement une fois endurcie  au contact de l’air. Nous soufflions dans cette sorte de capote pour obtenir un ballon. Ce dernier, fragile, devait être enroulé dans des dizaines de couches de latex badigeonné sur nos ventres crasseux. Nous obtenions ainsi une balle originale dont la durée de vie est estimée à environ une semaine avant qu’elle ne devienne ramollie et ovale comme un ballon de volleyball. S’en fout. On tapait dedans avec gaité, en ayant le sentiment d’être de vrais Pelés.

1995. J’ai mûri. Classe de cinquième. Toujours premier de la classe. Celui qui savait conjuguer tous les verbes du premier groupe mais était nul en division ; mon pire cauchemar étant celle des nombres décimaux. Et ma pure joie, la chasse à l’écureuil.

Mais, en 1995 je ne chassais pas que l’écureuil hein. Et  encore !

A Brouwal, chef-lieu de la sous-préfecture éponyme située à 7 km de mon village, vivait Mademoiselle F. Il se racontait de village en village, par monts et vallées que Mademoiselle F. était belle. Belle, gracieuse, propre et éveillée. Elle était devenue la coqueluche des marchés et des soirées bal-poussière, sans qu’aucun garçon de mon âge n’osa lui adresser la moindre parole ! J’entrepris de relever ce défi.

A Brouwal, se tenait chaque samedi un marché hebdomadaire. Foire de produits maraichers, des céréales, des animaux de la basse cour qu’on vendait ou troquait, mais aussi foire d’intrigues coquines derrière les buissons, à l’orée du carré du petit marché.

Je décidai de ferrer la go un samedi donc. Je dois avouer que, timide, je ne pris cette décision qu’après avoir été dopé par les descriptions fantasmées qu’un pote de Brouwal, voisin de Mademoiselle F., faisait de celle-ci. A l’entendre, je savais qu’il avait lamentablement échoué à conquérir le cœur de la miss. Mais c’était un mec sympa, qui avait le sens du partage.

Samedi arriva. Je me mis sur mon 31. Oh, pas grand-chose : un complet kaki grand évènement qu’un frère «diaspo», qui ignorait complètement ma taille réelle, m’avait offert. C’était un peu serré pour moi, le pantalon à la façon activiste Ansar-dine. Mais ça allait faire l’affaire avec quelques ajustements.  Je complétai mon look par des plastiques aux pieds et un minuscule fichu triangulaire noué sur la tête, genre rebelle du RUF.  Direction Brouwal.

Arrivé au marché, mon pote éclaireur me débriefa rapidement. Mademoiselle F. était dans les parages. A l’époque, la drague au village se faisait toujours par l’intermédiaire d’un courtier. Bizarrement. On appela la princesse, également débriefée par mon ami de l’objet de la rencontre.

Mademoiselle F., la quinzaine, jeune fille pimpante, verbe haut, regard de félin, était fraichement revenue de Conakry la capitale. Elle sentait le parfum de la ville, contrairement aux villageoises qui carburaient au beurre de karité à défaut duquel elles se servaient allégrement du jus d’orange pour faire briller leurs mollets et avant-bras. Ben oui, c’était ça, et elles étaient épargnées de l’hydroquinone et autres cochonneries de ce type. Cosmétique 100% bio vous dis-je.

Comme on le racontait Mademoiselle F. était jolie. Elle était littéralement craquante. Cheveux défrisés, une mèche négligemment rabattue sur le coin, regard perçant, sourire taillé dans une affiche publicitaire «photoshopée» d’une marque de dentifrice. Je déglutis.

«Bonsoir ma sœur, je m’appelle… », entamai-je. Elle me coupa tout net, mis une main sur ma bouche et déposa un léger bisou sur ma joue gauche. Un geste qui, en ce temps, ne se voyait que dans les films. Je tressaillis. Mon pote-courtier resta interloqué. Elle me donna rendez-vous, sans que je ne le lui demande, pour samedi prochain. On se sépara sur ce succès inespéré et je rentrai chez moi, porté par une terrible joie dans le cœur.

La nouvelle se rependit partout que j’avais conquis Mademoiselle F. et défié «Le Grand». Mais de quel «Le Grand» s’agit-il ? Je n’allais pas tarder à le découvrir.

Impatient, j’égrenais les jours de la semaine que je trouvais longue comme une année. Samedi finit par arriver. Mon complet-kaki-grand-évènement-porte-bonheur enfilé, j’avalai les 7 km qui me séparaient de Brouwal comme un Usain Bolt au sommet de son art. En sifflotant. A mon arrivée, le marché se vidait des vieilles femmes qui s’en allaient, un petit colis en équilibre sur la tête. Laissant la place aux jeunes tourtereaux.

Je ne tardai pas à retrouver mon courtier de pote. «Elle est là ?», lui balançai-je en guise de salutation. «Oui, elle est là, mais Le Grand aussi». Mais c’est qui Le Grand, explique-moi bordel. Il pointa son index à l’extérieur du marché vers un individu ivre, vautré au pied d’un arbre. Celui-ci tenait péniblement une grande bouteille d’alcool à moitié remplie. A côté de lui, Mademoiselle F., débout qui suppliait l’homme ivre de se relever. Mon sang ne fit qu’un tour. «Fonce» me suggéra mon pote.

J’hésitais entre foncer et lui défoncer la gueule! Lui qui m’avait jusqu’ici caché que celle que, moi Robin des Bois, je prenais déjà pour ma princesse avait un soulard de copain que tout le monde appelait «Le Grand», puisque réputé impitoyable. C’est ce dernier qui rompit le silence le premier : « Petit, décréta-t-il à mon intention, si tu ne veux pas que j’écrase cette bouteille sur ta tête laisse celle-là hein ». Mademoiselle F. ne pipa mot. Au bout d’un moment, elle vint me chuchoter à l’oreille d’aller l’attendre chez mon pote, qu’elle viendrait m’y rejoindre.

Ce que je fis, la mort dans l’âme. J’attendis une, deux heures. J’attendis toute la nuit que je passai chez mon ami guettant le moindre bruit de pas. J’attendis une semaine, un mois, un an. J’attends jusqu’à maintenant, car depuis ce jour, je n’ai jamais revu Mademoiselle F. qui, je  le sus bien plus tard, fut copieusement rossée par la suite par «Le Grand». Elle repartit pour Conakry pour ne plus revenir à Brouwal.


Google Suggest: bienvenue dans le royaume des préjugés et autres conneries

« Pourquoi les femmes ont des jambes? » Rassurez-vous mesdames, j’ai toute ma tête et je suis tout sauf un macho. Personnellement, je ne poserais jamais une telle question, mais quelqu’un d’autre l’a fait! Vous brûlez d’envie de savoir « qui ». Je vais vous décevoir: je ne sais pas! Par contre, à la question de savoir « où » la question a été posée, j’ai des pistes.

 Et c’est loin d’être un endroit caché, puisqu’il s’agit de votre moteur de recherche préféré: Google. Plus précisément le service appelé Google Suggest ou saisie semi-automatique. Une fonctionnalité qui « prédit et affiche des requêtes basées sur les activités de recherche des autres internautes” comme le définit le plus grand moteur de recherche au monde lui-même.

C’est un truc qui parait anodin, de sorte qu’on n’y prête pas attention des fois. Tu commences à saisir un mot clé dans la barre de recherche du moteur et tu as des suggestions qui apparaissent au fur et à mesure. Des mots et expressions déjà utilisés par d’autres internautes sur Google. Beaucoup de ces suggestion sont si pertinences que l’on clique sur la première occurrence sans avoir à terminer notre mot ou expression. En revanche, la plupart sont si bizarres, si farfelues et si déroutantes qu’elles inspirent un billet de blog, comme celui-ci.

Passons à la pratique. Lancez Google et commencez à saisir: « pourquoi les femmes »

Récidivons  avec « pourquoi les hommes »

Pendant qu’on y est, faites « pourquoi RFI ». Et inévitablement on tombe sur la grève.

Née en 2008, cette fonctionnalité dont le premier avantage est, selon Google, de « Reposer vos doigts » a déjà valu des ennuis à la firme de Mountain View.

En effet, en mai dernier, ce sont pas moins de quatre association françaises, SOS Racisme, l’Union des étudiants juifs de France, J’Accuse – Action Internationale pour la justice, et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), qui ont assignée Google en justice. Elles dénonçaient notamment l’association du mot « juif » à la recherche portant sur des personnalités françaises.

Avant, taper le nom de François Hollande dans la barre de recherche, équivalait à voir des suggestions comme  » François Hollande 2012, François Hollande Programme » et « François Hollande est juif ». Pareil pour François Fillon et autres grosses pontes de la jet-set française. L’affaire avait fait grand bruit, obligeant le géant Google à marcher sur des œufs pour ne pas créer un précédent judiciaire qui pourrait provoquer sa chute. Une médiation entre les parties a été initiée et semble avoir porté ses fruits puisque la saisie semi-automatique du nom de Barack Obama ne renvoie plus à … musulman! Tout comme Hollande à juif.

Mais au-delà de cet aspect juridique, c’est surtout la psychologie des internautes d’un pays ou d’un groupe social donné que Google met à nu. Et l’on se rend compte que les préjugés, eux, ne sont pas cloisonnés entre des frontières. Sinon pourquoi demander à Google « Pourquoi les Noires puent »?!?

« Les Français sont les moins fréquentables de la planète »?

Je suis persuadé qu’à cette allure pour savoir quand et où éclatera la troisième guerre mondiale, les analystes devraient se tourner vers Google. Qui semble tout savoir et tout avoir. Puisque constituant une impressionnante base de données que nous l’avons aidé à constituer avec consentement: pour faire des recherches, c’est Google Recherche, gérer nos courriers Gmail, nos vidéos YouTube, nos documents Google Documents, nos photos et identité Google Plus, etc.

Avec l’arrivée sur les terminaux  mobiles du tout dernier service du moteur de recherche, Google Now, supposé nous connaitre mieux que les membres notre famille, que quelqu’un ose me dire que Google n’est pas tout simplement Internet.